La reprise de Valdunes, l’unique producteur français de roues de train, par le groupe Europlasma a été approuvée par le Tribunal de Commerce de Lille le mercredi 20 mars, selon une annonce des syndicats de travailleurs et de la direction de l’entreprise. Guillaume Ferrand, un dirigeant de Valdunes, a affirmé que la proposition d’Europlasma a été acceptée et devrait prendre effet le 21 mars. Cela a également été confirmé par les syndicats après l’audience.
Emmanuel Macron, le président de la République, avait promis de se battre pour Valdunes jusqu’à la fin, considérant l’entreprise comme un emblème de la souveraineté industrielle française. Cette déclaration était survenue après que l’actionnaire chinois MA Steel ait annoncé son retrait en mai 2023.
Europlasma, un groupe centré sur la valorisation des déchets et ayant déjà repris de nombreuses entreprises en difficulté, était le seul à avoir fait une offre. La Voix du Nord rapporte que seuls 118 employés de l’usine de Trith-Saint-Léger et 66 de la forge de Leffrinckoucke conserveront leurs postes, ce qui entraînera le licenciement de 125 des 309 employés des deux sites de Valdunes.
Cette opération ne pourrait avoir lieu sans le soutien du gouvernement. Europlasma a un chiffre d’affaires de seulement 14,5 millions d’euros, contre 68,4 pour Valdunes, qui produit roues et essieux pour trains, métros et tramways. Selon Bercy, Europlasma investira 15 millions d’euros de ses propres fonds sur trois ans. L’Etat ajoutera jusqu’à 15 millions sous forme de prêt et les autorités locales contribueront jusqu’à 4 millions pour le financement du terrain et 1 million en subventions.
Dans le contexte où David envisage de racheter Goliath, Jérôme Garnache, PDG d’Europlasma, avait souligné en sortant d’une audience devant le tribunal de commerce fin février, l’importance de contribuer de manière significative pour redonner à Goliath sa véritable stature. Si la certitude de pouvoir y parvenir n’était pas présente, nous ne nous serions pas engagés dans cette voie, avait-t-il insisté. Le groupe projette de « recalibrer le modèle économique » de Valdunes en vue de « fabriquer des roues écologiques grâce à de l’acier et de l’énergie verts ».
Maxime Savaux, délégué CGT et secrétaire du comité social et économique, motive l’Etat à surveiller attentivement les investissements. S’inspirant de l’expérience avec Forges de Tarbes, acquises par Europlasma en 2021, où des promesses d’investissements n’ont apparemment pas été tenues, il note que les choses pourraient devenir difficiles, tout en soulignant la nécessité de donner une chance à Europlasma.
Ludovic Bouvier, responsable de la CGT-Métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, exprime son irritation face à la constante exploitation de l’entreprise, d’abord par les Allemands, puis par les Chinois, pour en arriver à la situation actuelle où un soi-disant bienfaiteur émergerait. Il note qu’Europlasma recevrait « plus de subventions que son chiffre d’affaires », tandis que 125 employés resteraient malheureusement sans emploi.