Le chancelier allemand Olaf Scholz a d’abord introduit le terme en novembre 2022, avant qu’il ne soit repris par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, en mars 2023. Elle a mis en avant un nouveau concept appelé « dérisquer » pour gérer l’aspect compliqué des relations avec la Chine. C’était un terme moins sujet à division que le « découplage » que Washington avait promis, et il semblait plus réaliste compte tenu des chaînes de production actuelles et de l’étendu du marché chinois.
Cependant, la Chine a adopté une approche plus claire pour minimiser son risque et ses responsabilités, obligeant ainsi les entreprises étrangères à s’ajuster. Certaines de ces entreprises ont dû renforcer leur présence en Chine pour se conformer aux lois locales, alors que d’autres tentaient de se retirer. Ceci est mis en évidence dans un nouveau rapport de la Chambre de Commerce Européenne en Chine. Jens Eskelund, le président de la chambre, remarque que l’approche de la Chine est la plus complète et plus vaste, montrant comment elle a priorisé sa sécurité économique.
Depuis 2014, le président chinois Xi a mis en œuvre une « approche holistique de la sécurité nationale », qui s’est intensifiée avec l’escalade des tensions commerciales et stratégiques. Cette politique a été déployée à travers tous les ministères suite à l’introduction du quatorzième plan quinquennal en 2020. En pratique, la Chine a amélioré ses capacités de production et de stockage dans les domaines de l’énergie, l’alimentation et les minerais stratégiques afin d’atténuer les effets de potentiels chocs mondiaux.
Dans des domaines d’importance critique, des ordres ont été émis par les fonctionnaires pour éliminer les composants et la technologie d’origine étrangère. Cela est applicable au matériel informatique ainsi qu’au domaine moins discuté de l’équipement médical, où les règles d’attribution de contrats excluent spécifiquement les entités non chinoises. Le Journal de la Science et de la Technologie, une publication du ministère du même nom, a lancé dès 2018 une liste de 35 domaines clés où l’effort national est coordonné par le gouvernement. Les exemples incluent les machines de lithographie pour la fabrication de microchips, les systèmes d’exploitation informatiques, les composants d’équipement d’imagerie médicale et le métal de qualité aéronautique.
En parallèle, la Chine s’est dotée d’un cadre juridique pour protéger les secteurs vitaux et pour se préparer à d’éventuelles représailles. En 2020, une nouvelle loi sur le contrôle des exportations a été promulguée, qui a été utilisée en 2023 pour limiter les livraisons de gallium et de germanium, deux minerais essentiels pour la fabrication de semi-conducteurs. En octobre 2023, elle a réduit ses ventes de graphite, un élément largement utilisé dans les batteries, en réaction aux restrictions américaines sur les ventes de microchips pour le secteur de l’IA.
Il reste à lire 39,8% de cet article. Seuls les abonnés peuvent accéder au reste.
Laisser un commentaire