Catégories: Economie
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18 mars 2024 17 h 13 min

« Projet colossal de lithium en Auvergne divise »

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Le village d’Echassières, situé en bordure du massif forestier des Colettes, département de l’Allier, possède un panneau routier constamment renversé, symbolisant la rébellion des agriculteurs qui ont récemment agité les campagnes françaises. Le village est au coeur d’un paysage naturel protégé de 2000 hectares, au bord de Puy-de-Dôme, entre les villes de Moulins et Clermont-Ferrand.

Dans son milieu se trouve une église à côté d’une école et de la mairie, une boulangerie, une épicerie, et un restaurant. Le foyer pour personnes âgées, l’Ehpad, est en plein développement, et comme souvent, le cimetière termine la visite. Avec une population d’environ 400 âmes, ce village représente l’un des milliers de hameaux ruraux de France. Cependant, cette localité pourrait accueillir sous peu la plus importante mine de lithium en France, voire en Europe.

En octobre 2022, Imerys, un groupe français employant près de 13 700 personnes dans 57 pays, bouleverse les attentes en déclinant son ambition d’installer une exploitation de lithium à la carrière de Beauvoir à Echassières, un lieu où il exploite le kaolin pour la céramique depuis 2005. Les investigations ont révélé que les dépôts de granit riches en mica du site pourraient contenir 1% de lithium en moyenne. Le lithium, un minerai blanc, est essentiellement utilisé dans la production de batteries de voitures électriques. Il s’agirait de la première nouvelle mine en France métropolitaine depuis près d’un demi-siècle! Sa taille potentielle est impressionnante.

Le projet nommé « Emili », qui vise à exploiter le mica lithinifère, est en train de prendre forme en Janvier 2024. Trois emplacements ont été sélectionnés pour le développement du projet. Le premier est à Echassières, où se situera la mine souterraine et l’installation de traitement pour extraire les minéraux du granite. Le second site est à Saint-Bonnet-de-Rochefort, 15 kilomètres plus loin, où sera érigée une zone de stockage pour le lithium. Ce dernier sera ensuite acheminé à Montluçon, à une distance de 59 kilomètres, abritant également l’usine de conversion pour le raffinement du lithium. La production est envisagée pour commencer à la fin de 2028, avec un plan d’exploitation d’au moins 25 ans.

Le projet est immense. Les prévisions d’Imerys, l’entreprise en charge, sont audacieuses: un investissement prévu d’un milliard d’euros, une production annuelle de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium suffisantes pour fournir des batteries à « 700 000 véhicules électriques ». Elle prévoit de créer « entre 500 et 600 » emplois directs et « au moins 1 000 emplois indirects ». L’entreprise multinationale s’engage également à exploiter une « mine responsable », c’est-à-dire qui respecte les questions environnementales et sanitaires.

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