Christina Pluhar et son groupe baroque, l’Arpeggiata, ont pris place devant le buffet d’orgue raffiné qui décore la célèbre salle Gaveau à Paris, désormais sous la possession du producteur Jean-Marc Dumontet, qui l’a acquise pour la somme de 8 millions d’euros. Cet édifice historique aux 1 000 sièges, qui brille pour son acoustique remarquable et qui est un pilier de la musique classique depuis 1907, pourrait bientôt accueillir des performances acoustiques de grands noms, des performances solo et des spectacles comiques, selon ce que Dumontet a partagé dans Le Figaro le 24 octobre. Le cinquantenaire est déjà propriétaire de cinq autres salles parisiennes, dont Bobino, le Théâtre Antoine, le Théâtre Libre, Le Grand Point Virgule et Le Point Virgule. L’Arpeggiata a présenté un spectacle le 28 octobre dédié aux Wonder Women, titre de leur album sorti en mai chez Erato/Warner Classics. C’est un hommage à des compositrices italiennes du XVIIe siècle, ainsi qu’à des femmes fortes et des héroïnes, à l’intersection de la musique traditionnelle italienne et latino-américaine.
Christina Pluhar, une grande prêtresse aux cheveux roux vêtue d’une toge rallongée, a pris place avec son théorbe, un type de luth, à droite du clavecin de Marie van Rhijn, qui est aussi organiste. Ils ont été rejoints par Miguel Rincon, qui est a la fois théorbiste et guitariste, le percussionniste David Mayoral, le contrebassiste Leonardo Teruggi qui possède un visage magnifique rappelant le Christ de Dürer, les violonistes baroques Kinga Ujszaszi et Jorge Jimenez, et Doron Sherwin qui joue du cornet à bouquin, un instrument à vent dont Marin Mersenne avait dit en 1636 dans son « Harmonie universelle » que sa sonorité ressemble à la brillance d’un rayon de soleil qui apparaît dans l’ombre ou dans l’obscurité.
Le concert a débuté avec La Strozza de Maurizio Cazzati, une musique élevée dont la partie centrale plus lente prépare la reprise du dialogue joyeux entre les violons et le cornet à bouquin. C’est à la soprano Céline Scheen, connue pour son art prosodique et son intensité dramatique, qu’a été confiée la tâche d’inaugurer la danse des pleurs avec la chanson passionnée « Che si puo fare » de Barbara Strozzi, un lamento d’amour soutenu par une basse obstinée. Cela a provoqué une tension douloureuse qui a conduit à la libération des corps dans une danse de tarentelle effrénée originaire des Pouilles.
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