Bill Lawrence : J’écris ma vie

Le renommé scénariste Bill Lawrence, qui a contribué à des séries populaires comme Friends, Une nounou d’enfer, Spin City et Scrubs, jouit actuellement d’une carrière prolifique sur Apple TV+ grâce à Ted Lasso, Bad Monkey et Shrinking. La deuxième saison de cette dernière a commencé à être diffusée le 16 octobre.

Lawrence s’intéresse profondément à la psychologie dans ses œuvres. Né dans un environnement où l’expression des sentiments était rare, il a été initié relativement tard au domaine de la psychothérapie. Cependant, il a rapidement été captivé par le processus et a tendance à baser ses écrits sur ses expériences personnelles. Au lieu d’utiliser les personnages de psychologues pour simplement révéler les parcelles des histoires comme c’est souvent le cas dans les séries télévisées, Lawrence vise à démanteler leur image traditionnelle et à mettre l’accent sur leurs imperfections.

Depuis sa contribution à Scrubs, qui s’inspire d’un de ses amis proches qui est cardiologue, Lawrence explore également les vies des professionnels de la santé et des aidants, qui sont souvent complexes, étranges mais toutefois humoristiques.

La notion de deuil est un thème récurrent dans ses travaux comme le démontre Shrinking. Pour Lawrence, cela pourrait être à l’origine de nombreuses névroses.

Dans la réalité de mes 55 ans, je constate le départ de quelques personnes chères autour de moi. La douleur est amenuisée par l’humour, un remède couramment utilisé dans ma famille pour surmonter la tristesse. Mon père souffre d’une maladie sévère et mon grand-père a lutté contre Parkinson. Nous ne sommes pas étrangers à la mort, la maladie et la dépendance. L’humour, même le plus sombre, est vital pour moi. J’aborde souvent des thèmes de gravité dans mes comédies, car c’est ainsi que je perçois la vie. Les sujets qui me sont familiers sont ceux que j’écris le mieux.

J’ai fait mes débuts durant l’âge d’or des séries télévisées, et un aspect qui me manque aujourd’hui est l’absence de sitcoms multicaméras enregistrées en direct. J’ai conçu Spin City de cette façon, avec un public en temps réel qui réagit à chaque blague. Mes enfants sont des fans de Friends et The Big Bang Theory. Je crois fermement que ce genre de format est toujours pertinent, malgré le fait qu’il ne soit plus considéré comme à la mode, ce qui est une manière regrettable de juger ce qui doit être fait ou non. Ma nostalgie pour les séries traditionnelles transparaît dans mes écrits actuels. Cependant, je reste un « populiste » car j’écris des histoires à portée universelle.

Le monde de la diffusion en streaming, auquel je me suis adapté, était intriguant au départ. Dans le passé, on me demandait de produire des séries qui devaient plaire à tout le monde, ce qui est délicat. L’arrivée du câble et du streaming a donné naissance à des séries ciblant des publics spécifiques.