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Arte : un pape, un cinéaste

Lors d’un mercredi soir d’octobre sur ARTE, à 20h55, une œuvre cinématographique hors du commun est projetée. Il s’agit de l’histoire du cardinal Melville, qui avait autrefois échoué à entrer au conservatoire d’art dramatique et qui est désormais exposé comme un nouvel élu du Vatican, sous le nom de « l’élection pontificale ». Tout comme un baryton qui découvre que son registre vocal est incomplet avant d’interpréter Don Giovanni, le cardinal souffre d’une paralysie étrange. Une fois élu pape, il ne se sent plus chez lui. Il n’a même pas pris le temps de choisir son nom de pontife et s’est échappé du Vatican pour se perdre dans la Rome laïque.

Contrairement à son titre en latin et aux rituels catholiques romains qui jalonnent les premières séquences, le film « Habemus Papam », sorti en 2011, a très peu à voir avec la foi et la religion. Il se présente plutôt comme un lament d’acédie scénarisé, réalisé et joué par Nanni Moretti, une figure de spectacle vivant sous le regard incessant des autres depuis des décennies, jusqu’à un point d’épuisement encore aggravé par l’inexorable avancée de l’âge.

Cette épuisement vient des blessures à son ego causées par la vie publique, qu’il a ressenties en tant que réalisateur narcissique. Ces plaintes injectent une certaine dose d’humour à Habemus Papam. Cependant, le cœur du film, souvent émouvant, repose sur une matière mélancolique, un soliloque poétique sur le devoir et le plaisir, la liberté et ses bornes.

Son processus électoral est qualifié de dérisoire.

La puissance des sentiments provient principalement d’un homme, Michel Piccoli, qui est décédé en 2020. Nous ne le voyons pas dans les premières scènes, qui révèlent – par le biais d’un montage d’une finesse diabolique combinant des épisodes d’actualité et une mise en scène fictive – le décès de son prédécesseur et la réunion du conclave.

Nanni Moretti dépeint les cardinaux comme un groupe de vieux hommes inquiets à l’idée que le saint Graal soit gardé loin de leurs lèvres. Dans un geste malicieux, Moretti refuse de reconnaître les membres de la curie comme des êtres politiques. Ils ne sont que les administrateurs d’une société dont le but n’est pas clairement défini (la théologie n’est jamais abordée) qui souhaitent résoudre le problème de la direction de manière économique.

L’élection est rendue plus ridicule par l’implication de journalistes marionnettes. En vingt minutes, le caractère théâtral d’une élection papale est établi, et c’est à ce moment-là que la personne supposée être au centre de l’attention revendique son indépendance. Au lieu de se montrer sur le balcon surplombant la place Saint-Pierre, le cardinal Melville pousse un cri déchirant.

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