Catégories: Culture
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12 octobre 2024 20 h 44 min

« Disclaimer » : secrets d’Alfonso Cuaron

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« SERVICE DE VIDÉO À LA DEMANDE APPLE TV+ – MINI-SÉRIE

Disclaimer n’est pas simplement une série d’auteurs, mais aussi une réalisation de cinéma qui flirte avec le septième art tout en applaudissant l’indépendance de l’écriture et l’envergure du format de série. Il était donc tout à fait logique que, avant d’être accessible aux abonnés d’Apple TV+, elle ait été diffusée en première mondiale sur grand écran lors des festivals de Venise et de Toronto. Écrit par le Mexicain Alfonso Cuaron, qui fait un retour triomphal six ans après Roma (et un Lion d’or pour le premier film d’une plateforme) et qui a également dirigé les sept épisodes, la série donne une splendeur à la matière complexe du best-seller homonyme de Renée Knight (2015, publié en France par Fleuve Noir sous le titre Révélée).

The Perfect Stranger contient un avertissement inhabituel, mentionnant que « toute ressemblance avec la réalité n’est pas accidentelle ». Ce roman reçu par la poste un jour chez Catherine Ravenscroft (Cate Blanchett), une documentariste renommée, contient des révélations qui ont le pouvoir de bouleverser sa vie. Le livre, largement distribué dans son entourage, est l’oeuvre de Stephen Brigstocke (Kevin Kline), un enseignant à la retraite qui a pour objectif de ruiner la vie de celle qu’il pense être à l’origine du décès de son fils. En tant que documentariste, dont la profession consiste à mettre en lumière les vérités qui dérangent, elle se retrouve face à un secret qu’elle a réussi à garder caché pendant vingt ans, et que son époux (Sacha Baron Cohen) et son fils Nicholas, âgé de 25 ans, ignorent totalement.

Piégée dans son propre mensonge ».

Dès le départ, Disclaimer lance de fausses pistes. Elle représente Catherine comme une workaholic qui néglige ses devoirs de mère, élevant ainsi son fils en tant qu’homme perdu, employé en électronique le jour et toxicomane la nuit. Flashback de vingt ans, la série la décrit, sous les traits de Leila George (une révélation impressionnante), comme une jeune mère au désir brûlant, en vacances sur la côte italienne, où sa vie se croise avec celle de Jonathan, fils de Stephen. La rencontre les marque tous deux profondément, mais il faudra du temps, ainsi que de nombreux va-et-vient temporels (marqués par des ouvertures et fermetures d’iris gracieuses), pour assembler les pièces d’un puzzle dispersé entre Londres et l’Italie, mélangeant les souvenirs de Stephen et ceux de Catherine.

La série, empreinte d’un goût littéraire, utilise différents narrateurs et voix off pour représenter les perspectives sur les événements qui ont conduit à la mort de Jonathan et qui ont plongé Catherine dans le mensonge. Ce procédé peut parfois sembler confus et artificiel, mais il met l’accent sur l’importance du narrateur dans l’interprétation de la vérité. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule et que les personnages se dévoilent, une nouvelle réalité remplace progressivement le récit initial de Stephen dans The Perfect Stranger. C’est à ce stade que chacun commencerait à se demander ce qu’il a manqué, ce qu’il n’a pas réussi à percevoir. Disclaimer parvient alors à la chose qui semble presque un miracle aujourd’hui : donner l’envie de regarder à nouveau la série aussitôt qu’elle est terminée.

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