Depuis sa fondation en 1994, le célèbre studio d’animation DreamWorks a toujours eu comme objectif de produire des comédies humoristiques, modernes et facilement reproductibles, comme le montrent leurs franchises populaires telles que Chicken Run, Shrek, Madagascar, Kung Fu Panda, etc. Contrairement à l’élégance que l’on peut trouver chez Pixar, les productions de DreamWorks, bien que moins raffinées sur le plan esthétique, sont pleines de farces, de blagues et d’ironie, parsemées de bons mots et de références subtiles. Jeffrey Katzenberg, producteur et co-fondateur, affirmait en 2008 au Monde, « Nous réalisons des films pour les adultes et pour l’enfant qui réside en chaque adulte ». Cependant, en adaptant le livre à succès de Peter Brown destiné aux enfants de 7-8 ans, Robot Sauvage (Gallimard, 2016), le studio abandonne partiellement son humour et son ironie habituelle pour s’aventurer de manière avantageuse dans le domaine du mélodrame.
Nous suivons alors l’histoire de Rozzum unité 7 134, ou simplement Roz. Après avoir survécu à un crash aérien, ce robot de service se retrouve sur une île sauvage, peuplée de toutes sortes d’animaux terrestres, aquatiques et aériens. Entre les sangliers et les oies, Roz réalise rapidement que ses compétences, initialement destinées à aider les humains dans leurs tâches quotidiennes, sont ici inutiles. « Avez-vous besoin d’aide? » demande-t-elle à un crustacé, quelques instants avant qu’une mouette le mange. En somme, pourquoi placer des QR codes sur le dos des marmottes si cela ne fait que les effrayer ? C’est ainsi un véritable apprentissage pour Roz.
Bien que Roz s’efforce d’éviter qu’un œuf ne se brise, elle se retrouve face à face avec un oison qu’elle a affectueusement nommé « Joli Bec ». La connexion entre eux est immédiate et ce qui commence comme une fable écologique se transforme en une touchante histoire de maternité et d’apprentissage. Le film suggère qu’il y a une similitude entre les instincts animaux et les programmes informatiques, plaçant Roz en tant que machine capable d’émotion, un concept inspiré de figures comme Roy Batty de Blade Runner ou bien Wall-E.
Contrairement à la tendance de DreamWorks à créer des animaux adorables et anthropomorphiques, Roz est dépeinte comme une figure poétique et épuisée, dont la survie dépend de sa capacité à aimer. Avec ses deux sphères, ses quatre membres et sa panoplie d’outils rétractables, elle rappelle les classiques androïdes, tels que les soldats du Château dans le ciel du Studio Ghibli, le Géant de Fer de l’Américain Brad Bird et plus récemment Mon ami Robot de l’Espagnol Pablo Berger.
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