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Weerasethakul endort Pompidou Paris

Un phénomène mystérieux semble avoir envahi le Centre Pompidou à Paris, où les visiteurs sont submergés d’images et de sons. Le travail de l’artiste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, né en 1970 à Bangkok et lauréat de la Palme d’or 2010 pour son film Oncle Boonmee, qui se rappelle de ses vies passées, ne peut plus simplement être décrit comme du « cinéma ».

Son œuvre est plutôt caractérisée par une « expérience lumineuse » qui témoigne de l’évolution de son travail, qui se diversifie avec des installations, même des performances en réalité virtuelle (VR), tout en tendant vers un style minimaliste. La rétrospective de l’ensemble de son œuvre intitulée « Des lumières et des ombres », se déroule au Beaubourg jusqu’au 6 janvier 2025, dans le cadre du Festival d’automne.

En plus de ses huit longs-métrages dont Tropical Malady (2004), Oncle Boonmee (2010), Cemetery of Splendour (2015) et Memoria (2021), filmé en Colombie avec l’actrice Tilda Swinton, et plusieurs court-métrages, les visiteurs auront l’occasion de découvrir l’exposition « Particules de nuit ». Celle-ci comprend une série de vidéos personnelles présentées dans l’Atelier Brancusi (situé sur la place du Centre Pompidou), transformé en un espace obscur par l’artiste.

L’errance est une expérience grisante, rappelant une promenade sentimentale à travers l’art cinématographique d’Apichatpong Weerasethakul, souvent appelé « Joe » par ses amis pour faire simple. Les éléments familiers de ses films sont visibles à travers cette exploration : souvenirs nostalgiques d’enfance, légendes de réincarnation (celles d’animaux comme le tigre ou le silure), le récit de villageois rappelant les invasions militaires à la recherche de communistes, les sons de la jungle superposés.

Certaines images agissent comme des flashs fugitifs : un jeune soldat endormi, la bouche grande ouverte, reposant contre un arbre, une femme assoupie sous la couverture (Tilda Swinton plongée dans un doux sommeil), un vieil homme sous dialyse (double référence au père du réalisateur à la fin de ses jours et au personnage de l’oncle Boonmee). Le détail d’une main, inlassablement inscrivant un rêve sur une page blanche, est mis en avant. Est-ce que nos yeux quitteraient notre visage pour mieux percevoir le monde? Quelques yeux semblent flotter dans l’espace, comme des bulles de savon, dans la vidéo Solarium (2023), et on ne peut s’empêcher de penser au singe fantôme d’oncle Boonmee, réincarnation d’un fils perdu, apparaissant un soir à la table familiale et demandant à ses proches de baisser la lumière : « Il y a trop de lumière, je ne peux pas voir », dit-il essentiellement.

Quant à la performance de réalité virtuelle, A Conversation with the Sun (créée à partir d’une installation précédente et d’un livre du même nom), elle nous fait prendre littéralement notre envol. Nous voilà ressemblant à ces âmes en transmigration qui se réincarnent dans d’autres corps, dans d’autres endroits. Au loin, deux yeux rouges (ceux du singe fantôme) nous observent alors que nous nous éloignons. Un doux vertige nous envahit.

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