Olivier Waltman, un marchand d’art parisiens, connu pour son tempérament bavard, a récemment agi avec une discrétion inhabituelle envers son exposition intitulée « Will their voice be heard ? ». Cette exposition éphémère, qui n’a duré que trois jours, présentait une quarantaine d’œuvres principalement créées par des artistes israéliens, dont les recettes seraient reversées aux familles des otages du Hamas. Cette discrétion venait d’une volonté de rester en marge pour éviter les complications, suite à l’incident survenu en juin dernier où la mezouza de sa galerie avait été arrachée.
Durant le même mois, la plaque métallique de Frank Elbaz, un autre marchand d’art de confession juive, a été vandalisée. Cela l’a poussé à faire part de ses préoccupations au Comité professionnel des galeries d’art, dont il est membre, espérant une condamnation publique des actes antisémites croissants, ce qui a été fait dans leur newsletter de juillet. Cependant, le 7 octobre, la relation de Frank Elbaz avec ses deux co-curateurs a été gravement endommagée suite à une mésentente liée à la crise palestinienne. Suite à cela, ils ont cessé de se parler et de se comprendre mutuellement. « Je n’aurais jamais imaginé vivre une telle situation », a déclaré avec regret Frank Elbaz.
La vision d’un art juste pour l’art, qui crée une utopie de compréhension réciproque, a été détruite après le désastre provoqué par le Hamas le 7 octobre 2023 qui a tué environ 1200 personnes. Ce drame a été suivi de représailles de l’État israélien qui ont causé plus de 41 000 décès, selon le Hamas, réduisant Gaza à un océan de décombres. Cette région, anciennement considérée comme une tour de Babel tolérante, a cédé en seulement quelques jours aux horreurs du Moyen-Orient. Dès le 19 octobre, la revue Artforum a publié un article accusant Israël de «génocide» et a exigé la libération de la Palestine, sans toutefois mentionner les barbaries du Hamas ni appeler à la libération des otages. Cet article, qui a recueilli 8 000 signataires, a divisé le monde de l’art en deux fractions, devenant de plus en plus radicalisées et laissant peu de place aux voix modérées.
En ce qui concerne la question, souvent posée dans les années 1960, concernant la cohérence entre le statut social et les croyances des politiciens – « D’où parles-tu ? », les commissaires politiques d’aujourd’hui se posent la même question. Les artistes israéliens sont jugés sur la base de leur nationalité, désignés comme complices du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, alors que la plupart s’y opposent politiquement. Ces artistes sont supposés responsables des morts à Gaza, bien que la majorité plaide pour un État palestinien.
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