Catégories: Culture
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3 octobre 2024 12 h 47 min

Hugh Coltman: Chagrins bénéfiques

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Le chanteur et guitariste britannique, Hugh Coltman, s’est démarqué depuis son premier album solo, Stories From The Safe House, sorti en 2008. Malgré son origine britannique, Coltman a construit sa carrière en France, où il réside, explorant son fascination pour divers genres musicaux originaires d’Amérique, telles que le blues, la musique folk, la country, le rock’n’roll et le R’n’B. Anciennement détenteur du rôle de chanteur principal et joueur d’harmonica du groupe The Hoax, il a depuis évolué vers une variété de genres qui lui ont permis de remporter à deux reprises les Victoires du jazz. En 2017, Coltman a été salué comme « voix de l’année » pour son album Shadows – Songs of Nat King Cole, un hommage au célèbre chanteur américain, et à nouveau en 2023.

L’accro du long cheveux bouclés a succombé au charme de la Nouvelle-Orléans, enregistrant l’album Night Trippin’ avec son ami guitariste Matthis Pascaud, un hommage au fameux musicien des bayous, Dr. John (1941-2019). Il a suivi Who’s Happy? (2018), enregistré dans un ancien temple presbytérien de la même ville. Cependant, après ce voyage musical qui a manifestement ressemblé à l’apogée de son inspirations musicales, Coltman s’est retrouvé en panne d’imagination pour poursuivre dans cette voie.

Dans son quatrième opus de compositions originales, intitulé « Good Grief », sorti fin août et actuellement en tournée, Hughes Coltman ne cache rien. Le titre suggère le célèbre adage « il faut du mal pour faire du bien ». « J’ai dû affronter le décès de mon père et de mon ami photographe Marc Obin, mais aussi revoir mon mode de vie », explique Coltman. Après avoir réalisé grâce à un problème de santé que je n’étais pas indestructible, comme je me comportais encore comme un adolescent à l’âge de 47 ans, j’ai accepté ma mortalité. C’était un soulagement de ne plus devoir lutter contre ce qui est inévitable. J’ai exprimé ces sentiments à travers une écriture mordante, sèche, humouristique, à la manière de Bob Dylan et Loudon Wainwright III. »

En enregistrement en direct, Coltman aborde vigoureusement la crise du milieu de vie dans « Midlife Crisis », et partage dans « Keyboard Warriors » son sentiment d’aliénation à l’époque actuelle, consacrant cette chanson aux trolls sur internet, qui tirent leur agressivité de l’anonymat. Pour trouver l’inspiration nécessaire à l’écriture, Coltman s’est isolé dans une maison à Drôme, mais n’est pas parvenu à se régénérer : « Tu arrives, tu déposes tes bagages et te retrouves toujours en face de toi-même… »

Le jeune homme, persuadé depuis toujours que les meilleurs cocktails se font dans des récipients ancestraux, s’inspire des techniques extraites de l’étonnante collection de Tom Waits, de Daniel Lanois – le producteur canadien qui a relancé Dylan à la fin des années 80 – ou de Joe Henry, le gentilhomme de l’americana. Les prises de son ont été réalisées en direct dans les studios de La Frette-sur-Seine (Val-d’Oise), avec tous les musiciens présents. « Mon désir était que la musique soit aussi crue que les paroles. Ces chansons, nées de six cordes tendues sur un morceau de bois, nécessitaient de l’espace. Je ne ressens plus le besoin de démontrer quoi que ce soit avec ma voix, ce qui compte, c’est aussi ce que je ne chante pas. »
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