Julien Gosselin, à 37 ans, vient de prendre en charge l’Odéon-Théâtre de l’Europe et est actuellement en pleine installation. Il partage ses ambitions pour cette deuxième institution publique du théâtre français, connue pour son prestige, mais qui fait face à des problèmes financiers.
Il a longtemps affirmé qu’il ne voulait pas diriger d’institution. Qu’est-ce qui l’a finalement motivé à assumer le leadership de l’Odéon-Théâtre de l’Europe ?
On dit souvent que Gosselin, comme certains de ses contemporains comme Caroline Guiela Nguyen (désormais directrice du Théâtre national de Strasbourg) et Sylvain Creuzevault, rejetait le système institutionnel mais ce n’est pas totalement exact. Plutôt, pendant une longue période, personne ne nous a invités à le considérer. On n’y pensait pas simplement parce qu’on n’en discutait pas. Lorsque le ministère de la Culture lui a proposé de réfléchir à l’avenir de l’Odéon, il a compris que ce serait le défi le plus audacieux qu’il pouvait relever et qu’il devait faire un essai. Car il a beaucoup d’affection pour ce lieu où il a joué la majorité de ses pièces et il pense qu’on peut le transformer en un grand théâtre européen. Aussi, il se trouve à un moment de sa vie où il se sent assez mature pour diriger une grande entreprise comme celle-ci.
Selon lui, qu’est-ce que l’Odéon symbolise ?
La priorité pour moi est de maintenir l’identité de l’Odéon en tant que théâtre européen. J’ai réfléchi à la manière dont je pourrais appliquer les connaissances que j’ai accumulées au cours des ans en voyageant et travaillant à l’international, par exemple à la Volksbühne de Berlin ou à l’Internationaal Theater d’Amsterdam, parmi d’autres lieux. De plus, j’ai eu l’occasion d’observer le travail de nombreux jeunes artistes européens, dont la plupart sont inconnus en France, et j’aimerais les faire connaître. C’est l’essence même de mon projet. Je suis convaincu que les grandes institutions européennes peuvent devenir des pôles d’innovation pour la création contemporaine, où l’on ose prendre des risques et proposer des performances radicales et exigeantes.
La dimension européenne est une composante intrinsèque de l’Odéon, respectée par vos prédécesseurs. Comment comptez-vous vous distinguer de ce qui a déjà été fait?
En effet, l’aspect européen est déjà bien intégré. L’objectif est de le renforcer en offrant une plateforme à une nouvelle génération de créateurs. Je remarque que nous arrivons à la fin de l’ère de deux générations de grands maîtres, de Krystian Lupa ou Frank Castorf à Thomas Ostermeier. Bien que cette période ait marqué un moment crucial dans l’histoire du théâtre, une nouvelle génération émerge, qui a su se faire une place dans les festivals tels que Automne, Avignon, entre autres, mais qui n’est pas toujours soutenue dans les théâtres contrairement à leurs prédécesseurs. Des artistes significatifs, comme le groupe catalan El Conde de Torrefiel, l’autrichienne Florentina Holzinger, la brésilienne Carolina Bianchi, l’artiste trans Samira Elagoz, sont considérés comme des superstars en Europe, mais ils ne sont pas programmés dans les grandes institutions, qui restent très attachées à la tradition du texte et du répertoire.
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