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« The Penguin » : ascension criminelle

La plateforme de Warner Bros. Discovery, Max, a lancé le premier épisode de « The Penguin » le jeudi 19 septembre aux Etats-Unis, attirant plus de 5,3 millions de téléspectateurs, surpassant ainsi des séries comme « Succession » et « The White Lotus ». Cela ne signifie pas néanmoins un retour inévitable des super-héros et de leurs adversaires. La série, dirigée par Lauren LeFranc, n’aborde pas la présence du célèbre habitant de Gotham City, une représentation fictive de New York, Batman. Au lieu de cela, elle se concentre sur le Penguin, le rival défiguré interprété entre autres par Burgess Meredith dans la série des années 1960 et Danny DeVito dans le film « Batman » de Tim Burton en 1992.

Dans cette version, le pingouin n’est pas un personnage de bande dessinée, mais plutôt un gangster intermédiaire déterminé à monter les échelons du crime organisé. Oswald Cobblepot, avec son nom dickensien, est l’un des rares aspects conservés de la source originale et contraste fortement avec la touche réaliste de la série. Le personnage entre dans la lignée hollywoodienne des sociopathes fonctionnels, anciennement interprétés par James Cagney, Robert De Niro ou James Gandolfini. Colin Farrell incarne superbement ce personnage, restant expressif malgré les nombreuses prothèses qui transforment son apparence.

Lorsque les subtilités commencent à se dévoiler, on se rend compte de l’absurdité intrinsèque de l’entreprise. Les représentations du crime organisé dans le cinéma et les séries télévisées américaines doivent leur succès monumental à leur lien avec la réalité américaine. Des cinéastes et créateurs de séries TV, de l’époque de la prohibition jusqu’à la manipulation des femmes au nom du fondamentalisme, en passant par Scarface (1932) de Howard Hawks, le shérif Roy Tillman de Fargo et bien sûr Tony Soprano de David Chase, ont présenté à leur nation une image miroitante qui révèle ce qui en est normalement caché.

Malgré la ressemblance du territoire du Pingouin avec New York, il est complètement déconnecté de toute référence historique. Dans cette métropole contemporaine, dotée d’une connectivité cellulaire impeccable, les patients des asiles sont alignés et un secteur entier de Gotham a été détruit (comme cela a été le cas lors de la conclusion de The Batman en 2022) sans aucune préoccupation pour sa reconstruction (ce qui fournit des décors d’apocalypse spectaculaires). Dans ce vide politique et social, Oswald Cobblepot peut aspirer à la domination sans se préoccuper des ennuis qui harcèlent habituellement les barons du crime – les disputes entre la loi et la corruption, les querelles intercommunautaires et intergénérationnelles. Tout ce qu’il doit faire, c’est être un monstre.

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