Catégories: Culture
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27 septembre 2024 23 h 44 min

Manhattan : Deuil et Filles

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NETFLIX – SUR DEMANDE – CINÉMA
La présence de ce film sensible et émouvant sur la page d’accueil de Netflix nous renvoie à une période révolue pas si ancienne que nous pensions disparue à jamais. A cette époque, les plateformes de diffusion en ligne ouvraient grand leurs portes à cette part de la production américaine délaissée par les cinémas, focalisés sur les franchises à gros budgets.

Dévoilé au Festival de Toronto en 2023, « Ses trois filles » a été racheté par Netflix, privant ainsi son public de l’expérience partagée de l’émotion dans l’obscurité d’une salle. Cependant, cela multiplie les opportunités de découvrir ce sixième long-métrage du réalisateur Azazel Jacobs, dont la plupart des films n’ont pas été diffusés en France.

Comment ne pas être submergé par l’émotion, étant donné que le film parle de deuil, de regret, de remords, d’expiation et de pardon? Le titre évoque d’emblée la généalogie de cette histoire. Ces trois femmes, rassemblées dans un appartement de New York pour veiller sur leur père mourant, sont les descendantes des « Trois Sœurs » (1901) d’Anton Tchekhov.

Ce sont des figures familières à travers les séries.

Vivant sous le same toit que son père, Rachel (interprétée par Natasha Lyonne) est présente tout le long de sa maladie. Coiffée de boucles de la couleur de la flamme, elle choisit de se préserver du reste du monde en restant isolée dans sa chambre, ne sortant qu’occasionnellement pour fumer des joints à l’extérieur de leur logement – à la grande désolation de Victor, leur gardien. Malheureusement, elle est souvent contrainte de quitter l’appartement et se défoncer par sa soeur ainée Katie (jouée par Carrie Coon). Katie, representée comme autoritaire et réfléchie, passe la majorité du film à essayer d’obtenir la signature de leur père – qui est souvent inconscient – pour un ordre de ne pas réanimer. Elle représente l’opposition totale à l’image d’adolescente rebelle incarnée par sa jeune sœur Rachel. On découvrira par la suite, qu’elle n’a pas offert beaucoup de soutien à sa soeur durant la maladie de leur père.

Au milieu des deux se trouve Christina (jouée par Elizabeth Olsen), la cadette de la famille, mère dévouée et membre passionnée des Deadheads (des fans inconditionnels du groupe Grateful Dead) qui est venue de Californie. Il est question de savoir si elle exagère parfois sa joie d’être mère et les avantages de la méditation qu’elle pratique continuellement, pour mieux cacher sa vulnérabilité ou si c’est le jeu de l’actrice qui nous amène à accepter le fait qu’on peut être à la fois épanouie et en proie à la dépression.

Bien avant d’être reconnue pour son rôle de la sorcière Wanda Maximoff dans l’univers Marvel, Elizabeth Olsen a brillé dans le film indépendant de 2011, Martha Marcy May Marlene. Elle, avec Carrie Coon et Natasha Lyonne, sont des visages connus grâce à leur participation dans des séries télévisées. Carrie Coon a notamment joué dans The Leftovers et The Gilded Age, tandis que Natasha Lyonne était à l’affiche de Orange is the New Black et Poupée russe (Russian Doll). Elizabeth Olsen, quant à elle, est connue pour son rôle dans Wandavision. C’est cette familiarité avec ces actrices qui sert de clé pour nous introduire dans le monde ordinaire et richement complexe des trois soeurs. Pour lire le reste de cet article, qui représente encore 36,28% de son contenu total, une souscription est nécessaire.