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Megalopolis : tragique et romantique

Sous l’égide du « Monde », il ne faut pas manquer le travail de Francis Ford Coppola. Ce dernier est une figure reconnue pour ses œuvres majestueuses comme « Le Parrain », sorti en 1972, et « Apocalypse Now » en 1979. Cependant, Coppola a aussi illustré son talent à travers des films plus modestes mais tout aussi remarquables, dont « Les Gens de la pluie » (1969), « Conversation secrète » (1974) et « Peggie Sue s’est mariée » (1986). Ces variations stylistiques ont toujours constitué l’attrait et le génie de sa filmographie. Avec l’âge et le conservatisme croissant d’Hollywood, Coppola semble s’être reconverti vers des projets plus sobres ces deux dernières décennies, comme on peut le constater dans « Tetro » (2009) et « Twixt » (2011).

Néanmoins, cette phase était prévisible. Le cinéaste, rongé par son désir incessant de se surpasser, rêvait discrètement depuis plusieurs années d’un nouveau chef-d’œuvre, quitte à s’endetter pour le reste de sa vie. Malgré ses 85 ans, Coppola est prêt à relever une fois de plus ce défi audacieux.

« La chute d’une civilisation » est à l’horizon.

Pour être précis, nous faisons référence à Megalopolis. Ceci est un clin d’œil à la fois humoristique et introspectif. En outre, il s’agit d’une danse baroque éclatante, une épopée de la fin du monde, un testament futuriste, une ode à l’amour et un hymne à l’humanité. C’est un mélange émotionnel de tragédie grandiose et de romantisme effréné. C’est situé à New Rome, un lieu qui chevauche l’ancien et le futur proche. La parabole romaine peut être superflue, et en effet, on l’oublie rapidement. Au fond, cela décrit le déclin inévitable d’une civilisation atteinte de la maladie fatale des cultures : l’orgueil, la luxure, le pouvoir usurpé, le bien commun asservi à l’enrichissement de quelques privilégiés et la perte du sens.

Voici les personnages principaux de notre récit. Tout d’abord, il y a César Catalina (Adam Driver), un architecte mystérieux et maître du temps, qui a gagné le prix Nobel pour l’invention d’un matériau éternel et réparateur. Il rêve de créer une cité utopique. Ensuite, nous avons Franklyn Cicéron (Giancarlo Esposito), le maire de New Rome, pragmatique et conservateur, érudit et évidemment favorable au maintien du pouvoir à l’ancienne, ce qui le place en opposition totale à César. Sa fille, Julia Cicéron (Nathalie Emmanuel), admire son père mais est aussi éperdument amoureuse de César, partageant avec lui son idéal d’utopie. Puis, il y a Hamilton Crassus III (John Voight), un banquier milliardaire et l’arrière-grand-oncle de César, qui ne se préoccupe pas des scrupules et contrôle la cité. Son petit-fils, Clodio Pulcher (Shia LaBeouf), déçoit constamment son grand-père et, par l’intermédiaire de son cynisme et de sa dépravation, rêve de renverser son cousin César. Et enfin, Wow Platinum (Aubrey Plaza), une femme fatale et journaliste financière, est l’amante de César et la femme du vieil Hamilton Crassus. Elle cherche à détrousser ce dernier avec l’aide de son petit-fils. Cet article continue et 38.59% du contenu reste. Seuls les abonnés peuvent lire la suite.

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