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Les trésors des Borghèse exposés au Musée Jacquemart-André

Dans la préparation du dindon aux châtaignes, le véritable défi consiste à enfourner le dindon dans la châtaigne. Présenter les collections romaines de la famille Borghèse, majoritairement réparties dans de multiples palais dont le remarquable villa Borghèse, construite par le cardinal Scipion Caffarelli-Borghèse au commencement du XVIIe siècle sur les coteaux du Pincio, bordés par un parc de 80 hectares, au sein du petit espace que forment les huit salles d’exposition du Musée Jacquemart-André, à Paris, s’apparente à relever le même défi.

En dépit des proportions restreintes du site, Francesca Cappelletti et Pierre Curie, les commissaires de l’exposition en cours, méritent nos félicitations pour avoir accompli cet exploit miniature. Ils ont réussi à exposer, bien que condensée à l’extrême, l’essence et l’éclat des extravagances du cardinal et de ses héritiers, avec toute la saveur d’un bouillon délicatement mijoté. Par conséquent, les spectateurs ne doivent pas s’attendre à un festin pantagruélique, mais plutôt à une dégustation de nouvelle cuisine. Ils se pressent néanmoins à la table du festin.

Cette réalisation a toutefois créé certaines déceptions, en particulier pour Pierre Curie, le conservateur du Jacquemart-André, à qui sa co-commissaire, directrice de la Galerie Borghèse, a donné carte blanche. Il avait toute latitude pour choisir ce qu’il souhaitait, à l’exception de certaines peintures trop fragiles (sans oublier celles qui, ancrées dans les murs, auraient dû être enlevées à l’aide d’un burin…) ou de certaines statues trop lourdes pour être transportées, afin de concocter son menu.

Il avait donc concocté une composition idéale, avant de réaliser que certains de ses ingrédients ne pouvaient pas s’adapter à la casserole, le forçant à y renoncer. Cependant, il a réussi à accommoder le grand tondo de Botticelli, en sacrifiant son cadre original pour le remplacer par un cadre plus épuré et moins fin. Les deux paniers de fruits seront également appréciés, l’un porté par un jeune homme charmant peint par le Caravage, l’autre est posé sur la table du Concert, de Gerrit Van Honthorst, qui, accroché dans la même pièce, fournit un écho alléchant.
Sommes titanesques
Trente-neuf peintures et quatre sculptures animent la vue des goûts du cardinal Scipion Caffarelli-Borghèse : il est passionné par le Caravage, soutient inconditionnellement le Bernin, qu’il a rencontré très jeune, et ne restreint pas ses sélections aux artistes de Rome, puisqu’il acquiert également des œuvres provenant de toute l’Italie, et principalement de Venise. Une rareté à une époque dominée par l’esprit paroissial. Son seul précurseur, mais dans un autre contexte, pourrait être le cardinal Pietro Bembo, qui rêvait, un siècle auparavant, d’unifier l’Italie en l’équipant d’une langue commune, basée sur le toscan.
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