Cela fait dix-sept ans que Manu Chao n’a pas sorti d’album, une durée qui équivaut presque à une génération. Son nouvel album, Viva tu, marque un retour significatif pour cette icône du rock alternatif français, devenue une célébrité mondiale bien avant la consécration de la French touch. Ce n’est pas un bouleversement soudain provoqué par le désir de changement, mais plutôt un retour réconfortant. Treize nouvelles pistes aux tonalités familières, restant fidèles aux principes et au style de ce baladin altermondialiste qui, après tout, n’a jamais vraiment disparu.
Sa présence se faisait sentir de manière régulière sur scène, dans les bars de quartier de Barcelone, où il réside depuis les années 1990, dans des salles conviviales et à des festivals atypiques dans le monde entier. Le globe-trotter franco-espagnol partageait souvent des enregistrements sonores faits maison ou en direct, disponibles gratuitement sur son site. Il collaborait également avec des artistes rencontrés sur sa route comme Calypso Rose, Bomba Estereo, Amadou et Mariam, et la Grecque Klelia Renesi, laissant sa trace inéquivoque.
Même en l’absence de nouvelles de sa part, notre souvenir collectif s’assurait de maintenir sa présence. Du répertoire de rock latino de Mano Negra (Mala vida, Pas assez de toi, King of Bongo, Out of Time Man …), son groupe de 1987 à 1994, jusqu’aux refrains de sa carrière solo (Clandestino, Mentira, Me gustas tu, Je ne t’aime plus …), il a laissé assez de classiques pour être transmis de génération en génération. D’autant plus que son talent pour créer des riffs et des accroches accrocheurs s’est merveilleusement adapté à la nouvelle ère des médias sociaux qui demandent une concision musicale.
Musique écologique
Au cours des dernières années, des tendances variées se sont développées, souvent illustrées par des extraits de Me gustas tu, Bongo Bong ou Clandestino, tirés des versions originales ou remixés à un rythme accéléré (sped up). Le dernier exemple notable est un remix de Me gustas tu et Missili, un hit italien interprété par Frah Quintale et Giorgio Poi, qui a été utilisé comme bande sonore pour des contenus de TikTok, créés par TioMusic et Megaamerican, générant des millions de vues. Il n’est probablement pas surprenant que, avec 11,6 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, Manu Chao surpasse maintenant Aya Nakamura (9,8 millions).
Manu Chao continue d’apprécier les techniques artisanales dans sa musique, en limitant davantage le nombre d’instruments qui contribuent à la création de ses chansons. Outre des guitares souvent jouées avec style par Lucky Salvadori, un musicien argentin, son travail incorpore divers autres instruments – quelques percussions, un trombone minimaliste, un accordéon, un harmonica et même quelques éléments électroniques rustiques, plus primitifs qu’une simple guitare acoustique. De plus, Manu Chao prône les concerts intimes (actuellement en format de trio acoustique) et ses chansons semblent venir rendre visite à l’auditeur comme un voisin sympathique. Il reste 46.02% de l’article à lire, le restant est uniquement accessible aux abonnés.
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