Catégories: Culture
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16 septembre 2024 13 h 44 min

Perrotin et artistes donnent œuvres

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Emmanuel Perrotin, un galeriste renommé, se questionne sur la nécessité pour les artistes de mourir avant d’être admis dans les musées. Il s’apprête à faire une donation au Musée national d’art moderne (MNAM) à Paris. Cette donation, nommée « Donation Perrotin et artistes », comprend vingt-trois œuvres qui correspondent à plusieurs années de son budget financier. Les artistes ont renoncé à vendre ces œuvres et Perrotin n’a pas pris de commission, le but étant d’enrichir la collection du Centre Pompidou. Ces pièces viennent s’ajouter à deux sculptures de Xavier Veilhan, représentant l’architecte Renzo Piano et feu Richard Rogers, qui trônent sur le parvis du Centre Pompidou. Perrotin et Veilhan, en collaboration avec Thierry Costes, ont déjà offert ces sculptures au musée en 2017.

Le budget d’acquisition du MNAM, tous secteurs confondus, est d’environ 2,5 millions d’euros par an, faisant de lui l’un des plus faibles au niveau mondial pour une institution de cette envergure. Les collections du musée prospèrent principalement grâce à des procédures de dation, au soutien de sa société d’amis, à la fondation américaine du Centre Pompidou établie par Dominique de Ménil, ainsi qu’aux donations généreuses de certains collectionneurs et artistes. Ayant dû faire face à une diminution drastique de ses finances depuis des décennies, le musée est contraint de chercher des donations. Ceci est ironiquement illustré par l’une des œuvres offertes par Maurizio Cattelan, une sculpture hyperréaliste d’un mendiant assis sur le sol.

Emmanuel Perrotin n’a pas oublié les débuts de sa carrière en tant que jeune galeriste, lorsque le MNAM achetait parfois des œuvres d’art issus de sa galerie, ce qui lui a procuré un grand sentiment de fierté et d’encouragement. Bien qu’il ait eu l’intention de rendre la pareille depuis un certain temps, certains conservateurs avaient des réserves à l’idée de laisser le marchant pénétrer dans le sanctuaire de l’art. Grâce à Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, et Xavier Rey, directeur du Musée national d’art moderne, son projet a pu voir le jour. Ils ont soutenu cette initiative qui, selon l’espoir de Perrotin, pourrait créer un précédent.

Bien sûr, Perrotin n’est pas le premier galeriste à faire des dons à des musées français. Un exemple notoire est Louise Leiris, qui a repris la galerie Kahnweiler et a offert près de 200 œuvres au Centre Pompidou en 1984 avec son mari, l’écrivain Michel Leiris. Le galeriste Daniel Cordier a également fait un don en 1989, bien qu’il ne fût plus alors actif dans le domaine. De la même manière, Liliane et Michel Durand-Dessert ont fait don de leurs œuvres au Musée d’art contemporain de Saint-Etienne après avoir fermé leur galerie. Le reste de cet article est réservé aux abonnés.