Le film documentaire « Russians at War » (Les Russes en guerre), qui documente la vie des soldats russes en Ukraine, a suscité une polémique majeure. En raison de cette controverse, le Festival International du Film de Toronto a suspendu toutes les projections du film de la réalisatrice russo-canadienne Anastasia Trofimova le 12 septembre. Cette décision avait pour objectif de garantir la sécurité de tous les participants, du personnel et des bénévoles, comme l’indique une annonce du festival.
Deux jours avant cette décision, la chaîne éducative canadienne TVO, qui a participé à la production du film, a déclaré dans un communiqué qu’elle ne soutiendrait plus ni ne diffuserait « Russians at War ». Cette décision a été prise après avoir pris en compte les commentaires réfléchis et sincères de la communauté ukrainienne au Canada. Les critiques estiment que le film dépeint les soldats russes de manière trop favorable, tout en négligeant le contexte et la souffrance des Ukrainiens.
La controverse a commencé lors de la Biennale du cinéma de Venise, où le film a été projeté hors concours le 6 septembre. Parmi les critiques, le critique de cinéma russe exilé Anton Dolin a suggéré sur sa page Facebook que le film devrait faire l’objet d’une enquête plutôt que d’une critique. Ceci fait référence à l’un des aspects les plus controversés de « Russians at War » : les conditions de son tournage, qui a duré sept mois sur le front.
Anastasia Trofimova, une jeune femme coiffée de longs cheveux noirs, soutient fermement que son œuvre cinématographique est anti-guerre et considère l’intervention militaire russe en Ukraine comme étant « illégale et injustifiée ». Pendant une durée de sept mois, elle revendique avoir filmé en territoire russe au milieu des troupes au front, sans posséder l’autorisation du ministère de la défense. Cependant, il est intéressant de noter que le haut commandement russe, qui fait de la guerre de l’information le centre de sa doctrine militaire, n’admet la présence de journalistes que sous un contrôle strict. Des postes de surveillance sont placés dans toutes les routes d’accès au front avec une vérification rigoureuse des identités.
Dans une interview qu’elle a récemment accordée au Monde à partir de Toronto, Mme Trofimova affirme cependant qu’en réalité, le front est une zone de désordre, loin de la rigidité des hauts commandements. Elle déclare qu’elle a réussi à se dissimuler parmi l’unité qui a accepté sa présence sans difficulté, grâce à son uniforme militaire russe. Elle raconte que bien que le commandant ait été contrarié de découvrir sa présence, il a préféré ignorer la situation plutôt que d’informer le FSB (le service omnipotent de sécurité russe) , se risquant alors à d’éventuels tracas.
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