L’exploration du plaisir et les tentatives de rupture des tabous ont influencé de nombreux scénarios lors de la Mostra de Venise, qui se termine le samedi 7 septembre avec la distribution du Lion d’or et autres récompenses. Le jury, sous la direction d’Isabelle Huppert, se tournera-t-il vers ces nouvelles discussions sur l’amour ou choisira-t-il des œuvres plus liées aux enjeux politiques contemporains, comme le racisme et l’extrémisme de droite, qui sont également des thèmes centraux de cette édition?
La compétition a parfois été difficile, avec un faible nombre de films exceptionnels et des durées qui dépassaient souvent deux heures. Les films attendus, tels que Maria de Pablo Larrain, The Room Next Door de Pedro Almodovar, The Joker. Folie à deux de Todd Phillips, Queer de Luca Guadagnino, etc., ont dans l’ensemble déçu. En fin de compte, ce sont des cinéastes moins connus, surtout des réalisatrices, qui se sont distingués. Pourtant, seulement six films sur vingt-et-un en lice pour le Lion d’or ont été dirigés par des femmes.
Le film érotique et passionnant « Babygirl », réalisé par Halina Reijn des Pays-Bas, a lancé le spectacle, remettant Nicole Kidman sous les projecteurs dans un rôle audacieux. Dans cette production, l’actrice australienne joue une PDG qui noue une liaison de domination avec un jeune stagiaire. Ce film, à l’intrigue minutieuse, explore les désirs cachés et bouleverse la dynamique de pouvoir, où la grande dirigeante n’est pas à l’abri d’une révélation de cette liaison prohibée au sein de la compagnie. Malgré l’introduction d’un élément perturbateur dans le monde cinématographique post-#metoo, « Babygirl » ne renverse en rien la cause des femmes. Au contraire, il s’inscrit comme une forme de contre-attaque : à son collègue qui la fait chanter, le personnage de Nicole Kidman rétorque une punchline qui restera dans les annales : « Si je veux être humiliée, je peux payer quelqu’un pour ça».
Dans le même esprit, on retiendra ces mots entendus dans « Diva Futura », du réalisateur italien Giulia Louise Steigerwalt, qui revisite la montée du cinéma pour adultes en Italie durant les décennies 1980-1990, sous la direction de Riccardo Schicchi (1953-2012). « Nous sommes amoraux, pas immoraux », déclare le photographe et réalisateur (interprété par Pietro Castellitto) qui soutient que les films pornographiques étaient une forme d’art et l’apogée de l’amour libre, avec l’une des actrices, Ilona Staller, qui entrera en politique sous le nom de « Cicciolina ». Cependant, cette vision idyllique du porno s’effondre avec l’industrialisation du sexe et l’exploitation du casting. Le programme promet du feu et de la mélancolie.
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