Catégories: Culture
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23 août 2024 18 h 06 min

« Bruno de Sa: Dualité Voix Troublante à Vézelay »

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Les 24èmes Rencontres musicales de Vézelay, dans l’Yonne, qui se poursuivent jusqu’au dimanche 25 août, offrent une grande variété de performances vocales, bien que le répertoire baroque soit prédominant. La journée d’ouverture, le jeudi 22 août, a brillamment confirmé la réputation de « festival de découvertes » que François Delagoutte souhaite pour l’événement qu’il dirige depuis 2018. Il s’agit d’un partage d’originalité qui se déroule à la fois dans la restitution de pages oubliées et dans une nouvelle approche d’œuvres bien connues.

Le programme de la première journée a été déterminé par une performance au milieu de l’après-midi dans la collégiale Saint-Lazare d’Avallon, réalisée par le sopraniste Bruno de Sa avec l’accompagnement de l’ensemble Les Accents, dirigé par Thibault Noally au violon. Une anthologie de musique sacrée – principalement des extraits d’oratorios – a été présentée, utilisant la voix de manière époustouflante. Comme il n’a pas mué à l’adolescence, la voix de Bruno de Sa est unique à ce jour. Sur les notes graves, son timbre rappelle le chant d’un enfant, mais jamais celui d’une femme, comme c’est souvent le cas pour les contre-ténors. Cette ambiguïté troublante, combinée à une aisance technique rare, permet à Bruno de Sa de donner l’impression d’être un magicien transformant les vocalises en messages surnaturels.

Le jeune Brésilien n’est certainement pas quelqu’un de pur. Vêtu d’une blanche cape-limper avec des manches larges qui touche à son pantalon noir comme une chasuble futuriste, il joint ses mains, ressemblant à la fois à un prêtre et à un pénitent. Son talent ne repose pas uniquement sur l’agilité, mais aussi sur la simplicité et l’authenticité. Il se tourne vers le public en partageant des confidences, comme s’il chantait des chansons intimes près d’un feu. Cependant, ses textes se réfèrent principalement aux souffrances de Sainte Catherine (Antonio Caldara), à l’Annonciation (Alessandro Scarlatti) ou, en général, à Dieu (Gloria, de Georg Friedrich Haendel). Plus terre-à-terre, des parties strictement instrumentales (Sinfonia, Quartetto) donnent l’occasion aux Accents de montrer leur large gamme de textures de cordes.

Le festival se poursuit dans les collines de Vézelay. En plein air, derrière la basilique Sainte-Marie-Madeleine, un autre assortiment de chants anciens est présenté, cette fois des mélodies populaires, principalement en occitan, interprétées par le groupe Les Mécanos avec passion. Un groupe d’une dizaine de barbus locaux de Saint-Etienne qui réinventent la musique traditionnelle avec une percussion inhabituelle : des clés de voiture, des pots d’échappement et des carillons de roues.

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