« Vie familiale montagnarde avec bêtes, Arte.tv »

Le film documentaire disponible sur demande sur ARTE.TV, dépeint l’histoire de la famille Jeannerat, des éleveurs qui partagent leur maison dans les Alpes suisses avec de nombreux animaux, capturée à l’écran par le réalisateur Eric Guirado. Cette famille est composée de chiens, chats, moutons, chèvres, boucs et chevaux qui sont en permanence présents à chaque scène du film.

La famille Jeannerat comprend Damien, le père qui a une barbe épaisse, des dreadlocks tenues par un bandana, et un physique robuste. Claire, la mère, est une femme anglaise sensible qui a un teint lumineux, des cheveux blonds longs et reste toujours active. Ils ont également trois enfants – Léo, Amélie et Isaac – âgés de 6 à 10 ans qui passent leur temps à jouer avec les animaux, quelques-uns étant même autorisés à entrer dans la maison.

Le film s’ouvre sur une scène spectaculaire montrant un héliportage d’un abri en bois sur les sommets des montagnes du Valais. C’est dans ce refuge que Damien va passer cinq mois avec une dizaine de chiens pendant la période estivale de sa troupe. En son absence, Claire s’occupe de l’éducation quotidienne des enfants, les accompagne à l’école, et s’occupe aussi des chevaux et des chèvres dans la vallée. Le film retrace la vie quotidienne et les confidences de cette famille unique.

Le cinéaste oscille entre des scènes en hauteur mettant en vedette Damien et ses animaux, des moments capturés au sein de la famille sans leur père et des instants de réunion lorsque Claire et les enfants montent pour le rejoindre – et le ravitailler. Ces moments sont entrecoupés de confessions des deux adultes qui, séparément, partagent leurs pensées sur cette existence singulière, ses plaisirs et ses déceptions avec la caméra.

« Beaucoup n’apprécieraient pas cette passivité, mais moi, je me sentirais déplacé à faire autre chose », admet Damien, le regard fixé sur les horizons imposants où ses troupeaux paissent. « Je suis heureuse pour les animaux qui peuvent se nourrir d’herbe fraîche, mais être seule à la maison avec les enfants, parfois, c’est difficile », avoue Claire, ne cachant pas sa tristesse due à la séparation.

L’appareil photo cherche à capturer l’émotion profonde qui unit ce duo de bergers à leurs animaux qui ne connaîtront jamais la boucherie. « Nous avons besoin des animaux en montagne, ils nous rendent heureux », insiste Damien. La mort accidentelle d’un bélier, Diego, suite à une chute d’une pente abrupte, plonge Claire dans un profond chagrin. « Il faut s’accrocher aux moments de bonheur que l’animal t’a donnés », se réconforte-t-elle. « Mais quand tu aimes, ça te brise le cœur. »

Il est regrettable qu’Eric Guirado se limite à cette représentation. Malgré l’attachement que l’on ressent pour cette famille, nous aurions aimé comprendre comment elle organise son budget, assistée par de vastes ressources comme une grande maison, une immense étable, et des terrains étendus. Il n’y a pas de collecte de lait, ni de fabrication de fromage, ni de vente d’animaux qui pourrait produire des revenus. Si les frustrations émotionnelles sont expressément (et excessivement) exposées, le coût financier de cette vie singulière demeure mystérieux. « Bergers en famille » est un documentaire d’Eric Guirado (Fr., 2024, 58 min), disponible en streaming sur Arte.tv jusqu’au 5 septembre. Vous pouvez contribuer et réutiliser ce contenu.