Dans « Niabla », on voyage verticalement à travers les diverses couches de la métropole d’Abidjan, transitionnant des galeries d’art contemporain et places publiques du Plateau aux bidonvilles de Yopougon, où le crack est vendu. À première vue, on pourrait s’attendre à une série policière traditionnelle, mais l’oeuvre de Aude Forget, de Anthony Martin et de Gauz se transforme rapidement en une multitude de scènes et de lieux formant une mosaïque urbaine captivante.
Sia (jouée par Aude Forget) est une métisse franco-ivoirienne qui n’a pas visité Abidjan depuis deux décennies. Elle a juste franchi la barre de trente ans lorsqu’elle décide de renouer les liens avec Adjoua (jouée par Christelle Gougoué). Après avoir échangé quelques souvenirs d’enfance, Adjoua disparaît, laissant à Sia la charge d’une petite fille atteinte d’une forme sévère de drépanocytose. Sur la piste de sa soeur, Sia est aidée par Yao, un policier qui a un problème d’alcool, mais qui est intègre. Le même Gauz, un des co-auteurs, joue ce rôle.
Chaque rebondissement inattendu introduit un nouveau personnage ou un nouvel endroit. Il peut s’agir d’une boîte de nuit haut de gamme, d’un maquis où travaillent d’ex-prostituées qui ont survécu au « biziness » (comme on appelle le trafic d’êtres humains) ; un hôpital moderne avec un jeune médecin toxicomane (joué par Ephraim Oka), ou une villa grotesque et de mauvais goût, qui est la demeure d’un baron de la drogue nommé Papa John (joué par Pol White).
On navigue entre la mythologie et la sociologie.
Alex Ogou, le réalisateur de tous les épisodes, se souvient clairement des obligations du genre. Il démontre son habileté à créer du suspense dès la scène d’ouverture en mettant en avant la violence omniprésente dans la métropole, sans avoir recours à des dialogues. De temps à autre, Niabla présente de tels instants, qui ne sont pas uniquement des démonstrations d’audace, mais également des composantes essentielles de cette peinture urbaine.
Entre ces climax apparait un enchevêtrement de relations : amoureuses, familiales, criminelles et politiques. Niabla met en scène à la frontière entre la mythologie et la sociologie – une mise en scène que les trafiquants, conduits par Papa John, utilisent pour instaurer la peur parmi le public et maintenir leur dominance sur leurs complices institutionnels, politiques et policiers.
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