Le mardi 20 août à 21h10, France 2 a diffusé un documentaire réalisé par le duo de « portraitistes », Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Connu pour leur observation pointue et leur narration de récits humains, ils ont choisi de suivre six athlètes paralympiques de Paris, ainsi que certains de leurs proches dans leur quotidien et leurs entraînements intensifs jusqu’aux compétitions qui se dérouleront du mercredi 28 août au dimanche 8 septembre, sur les mêmes sites que les Jeux Olympiques.
Demaizière et Teurlai, connus pour leur capacité à obtenir des confessions profondes, comme ils l’ont fait en 2019 avec des pèlerins catholiques dans « Lourdes », et en 2022 avec de jeunes lycéens dans « Allons enfants », offrent à présent un documentaire percutant. Il n’y a pas de clichés ou de discours standard sur l’inclusion, au contraire, il est rempli de douleur, de rage, et de bonté.
Le film commence par l’introduction de trois Français. D’abord, Cédric Nankin, reconnu comme le « meilleur défenseur du monde » en rugby en fauteuil roulant. Né sans bras ni jambes, il doit une grande partie de son succès à sa rencontre avec Ryadh Sallem, entrepreneur et athlète qui, à 53 ans, espère remporter l’or en rugby en fauteuil roulant avec lui. Ensuite, nous avons Anne-Sophie Centis, qui pratique le cyclisme en tandem après avoir perdu définitivement la vue à l’âge de 20 ans et avoir eu deux enfants. Finalement, il y a Alexis Hanquinquant, qui utilise une prothèse, après avoir été amputé de la jambe droite à l’âge de 23 ans.
La rage et la souffrance sont des sentiments qu’ils partagent. L’homme a opté pour le para-triathlon, une activité extrêmement rigoureuse. Son coach s’interroge: « Qu’est-ce que la douleur de l’entraînement comparée à ce qu’il a déjà subi ? ». Pour la femme, le plus pénible est l’absence de ses enfants. Elle a choisi un travail exigeant différentes, en tant que physiothérapeute dans une unité pédiatrique où les patients sont en état critique – comme elle l’explique. « La souffrance que je rencontre à l’hôpital m’aide à supporter la mienne », révèle-t-elle.
Le danger de perdre la vie
L’histoire prend une tournure différente avec les athlètes handicapés étrangers. Notamment Zakia Khudadadi, l’Afghane, championne d’Europe de para-taekwondo. Lors de son arrivée pour les Jeux de Tokyo en 2021, elle a été mise en danger de mort suite à l’invasion des talibans -« Je suis handicapée [mains déformées], et en plus je suis une femme, et hazara», une minorité persécutée. Elle a alors envoyé un SOS sur les réseaux sociaux et une française est intervenue pour la sauver.
Au Brésil, lors de la naissance de Gabriel Araujo (double médaillé d’or et d’argent en para-natation), sans bras et avec des jambes très courtes, sa mère, fervente croyante, a considéré cela comme un bonheur. Face à la caméra, elle raconte comment elle l’a éduqué à se tenir droit et à sourire. Gabriel, en effet, sourit en espérant ramener de Paris « trois médailles et une photo sous la Tour Eiffel ».
Oksana Masters, une athlète paralympique très décorée représentant les États-Unis à Paris, n’a jamais connu l’amour d’une mère. D’origine ukrainienne, Oksana est née avec de sérieuses malformations des jambes, ce qui a poussé ses parents biologiques à la délaisser. Sa jeunesse s’est déroulée dans un orphelinat où elle a subi des abus sexuels. Tout a changé lorsque une Américaine l’a adoptée. Elle vit en gardant à l’esprit une citation de Coco Chanel : « Pour être insubstituable, on doit être différent. »
Le documentaire « A corps perdus » de Thierry Demaizière et Alban Teurlai (France, 2024, 100 minutes) recueille son histoire. Il est disponible sur France 2 et peut être vu en replay sur France.tv.
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