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« Audiard: Intérêt Particulier pour les Mal-Intégrés »

Emilia Perez est le dixième film signé Jacques Audiard. En tant que créateur largement reconnu et fan du cinéma de genre, Audiard ne recule pas devant le style extravagant et va même plus loin dans ce film, une comédie musicale mexicaine queer filmée au studio à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) et fortement inspirée du genre criminel. À la surprise générale, le film a été très bien reçu au Festival de Cannes en mai, où il a remporté le Prix du Jury et celui de l’interprétation féminine pour la performance de ses actrices, dont Selena Gomez, Zoe Saldana et Karla Sofia Gascon se distinguent. On y parle du cartel impossible composé d’une comédie musicale, d’un décor mexicain, d’un film noir, d’un mélodrame transgenre, de stars hollywoodiennes et de dialogues en espagnol.

Le film a été inspiré d’un chapitre du roman de Boris Razon « Ecoute » (Stock, 2018), où un baron de la drogue violent choisit de changer sa vie en entamant une transition. Le désir de faire une comédie musicale remonte à l’époque d' »Un héros très Discret » (1996), lorsque Jacques Audiard et le compositeur Alexandre Desplat avaient prévu de créer un petit opéra, mais le projet a été abandonné par manque de motivation. Plus tard, Audiard et son co-scénariste Thomas Bidegain ont retenté l’expérience mais ont encore abandonné. Il est donc clair qu’il y avait une volonté d’intégrer davantage de musique dans ses œuvres de la part d’Audiard.

En parlant du Mexique et de la langue espagnole, tout était immédiatement clair. La langue française semblait irrationnelle et l’anglais, grossier. La raison de considérer le français comme irrationnel ? Principalement parce que tout se déroule au Mexique. De plus, le français est une langue nuancée et délicate, bien qu’il atteigne la sublimité avec Debussy. Contrairement à l’anglais ou à l’espagnol, le français n’est pas vraiment une langue musicale.

Au sujet des transitions, la question m’a déjà traversé l’esprit, notamment pendant le tournage de Frères Sisters en 2018. La matrone du saloon était déjà une actrice trans. Cependant, ce qui se distingue ici, c’est le fait que le personnage trans soit au cœur d’un monde dominé par le machisme. C’est ce paradoxe qui est productif.

Lors de notre première rencontre avec Karla Sofia Gascon, qui joue les deux rôles de Manitas del Monte et Emilia Perez, nous avions défini des critères pour son personnage.

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