« Désamour hérité entre enfants Delon »

Les oiseaux se retirent pour mourir, les grands prédateurs, quant à eux, s’éteignent sous les projecteurs ardents. Le clan Delon ne cesse de s’effriter depuis l’aube de 2024, sous le regard à la fois stupéfait et captivé de la population française. Depuis la bataille épique pour l’héritage de Johnny Hallyday en 2017, jamais auparavant les tribulations d’une famille n’avaient provoqué autant de remous et suscité une curiosité et un malaise aussi profonds.

Cependant, il y a une distinction importante à établir : la guerre entre l’épouse de Johnny, Laeticia, et ses enfants David et Laura a éclaté après sa mort. Alain Delon, malgré sa santé fragile suite à un AVC en 2019, est toujours vivant, attristé et impuissant face à la dispute entre ses trois enfants.

Car même si le célèbre acteur des films de Luchino Visconti Rocco et ses frères (1960) et Le Guépard (1963) reste souvent silencieux, a du mal à s’exprimer, n’entend presque plus rien, est prisonnier dans un corps et une tête qui ne s’éveillent que sporadiquement, ses trois enfants, Anthony, Anouchka et Alain-Fabien, sont unanimes sur un point : leur père comprend ce qui se déroule autour de lui.

Chaque jour, à midi ou en début d’après-midi, lorsqu’il se réveille de nuits agitées dans sa résidence de Douchy (Loiret), où il réside depuis l’été, le vieux lion parcourt les pages de son journal préféré, Le Parisien, qui l’attend sur la table de la cuisine. Alain Delon, 88 ans, y lit le récit d’une famille déchirée : la sienne.

Au cours des dix derniers jours, une lutte féroce s’est déchaînée au sein d’une fratrie déjà en proie à des tensions. Des insultes, des allégations scandaleuses, la diffusion d’enregistrements secrets, des plaintes sporadiques ont émaillé ce combat. Tous ces évènements sont justifiés au « nom du père ». Le 4 janvier, Paris Match titrait à juste titre. Ce magazine observe la famille de Samouraï et leurs moindres actions depuis plus de cinquante ans, chaque membre prétendant être le « meilleur » enfant.

« Il est temps que cela cesse, que tout le monde se calme. C’est assez », déclare Me Christophe Ayela, l’avocat d’Alain Delon depuis 2019, au Monde. Cependant, cet appel pourrait être trop tardif, la situation conflictuelle ayant déjà atteint son paroxysme.

On peut parler d’un « séisme ».
Il y a quelques mois, le premier signe d’agitation a émergé. Le 5 juillet, les enfants du patriarche ont uni leurs forces pour se débarrasser de la « compagne » japonaise de leur père, Hiromi Rollin, âgée de 66 ans. Ces derniers l’ont accusée de « harcèlement moral », « détournement de correspondance », et « maltraitance animale ». D’après Me Ayela, qui a initié l’action en justice, « Mme Rollin est devenue de plus en plus agressive et capricieuse. Elle ne cessait de critiquer les enfants. Elle harcelait M. Delon du matin au soir afin qu’il l’épouse. Il ne pouvait plus la supporter, il en avait assez d’être continuellement en conflit avec elle ».

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