Catégories: Culture
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13 août 2024 21 h 06 min

« Lotte Lenya, Muse Transatlantique de Weill »

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/ »ARTE.TV – SUR DEMANDE – DOCUMENTAIRE
Lotte Lenya (1898-1981) se rend à la gare en 1924 pour accueillir Kurt Weill (1900-1950) qu’elle n’a jamais vu auparavant. Malgré le fait qu’il soit petit, chauve et porte des lunettes, et qu’elle n’est pas considérée comme une « belle femme » de manière traditionnelle, ils finissent par se marier à deux reprises : en 1926 et ensuite en 1937. Leur relation, marquée par une liberté amoureuse et une productivité artistique, se prolonge jusqu’à la mort de Kurt à l’âge de 50 ans.

Lotte envisage une carrière de danseuse, mais on la trouve trop corpulente pour la danse classique. Son histoire est rappelée dans le documentaire de Katja Duregger intitulé « Lotte Lenya. Pourquoi je souffre tant ? ». Elle se tourne alors vers le théâtre et devient la voix, d’abord flûtée puis gutturale, des chansons complexes que Weill compose pour elle.

Elle joue le rôle de Jenny dans L’Opéra de quat’sous (1928) et dans le film (1931) réalisé par Georg Wilhelm Pabst basé sur la pièce musicale co-créée par Weill et Bertold Brecht. En 1933, après son divorce de Weill, Lenya, non juive, rejoint le compositeur, qui est de confession juive et a dû fuir l’Allemagne nazie, à Paris. Là, elle joue dans Les Sept Péchés capitaux, une pièce qu’elle aime tout particulièrement.

Sophistiqué et intellectuel
En 1935, le couple émigre vers les États-Unis où ils se remarient. Weill se réinvente en créant des comédies musicales de style plutôt intellectuel et sophistiqué. Il ne connaît jamais le succès des rois de Broadway, Rodgers et Hammerstein, mais parvient tout de même à accumuler suffisamment d’argent pour acheter une belle maison près de New York. »/

Weill est constamment au travail du lever au coucher du soleil ; Lenya, quant à elle, se sent d’autant plus délaissée qu’elle ne semble pas être en mesure de décrocher un rôle sur la scène américaine: elle ne rentre dans aucun des moules préférés de Broadway à cette époque. Elle flirte à droite et à gauche, avec des hommes et des femmes, et entretient plusieurs relations.

Après le décès subit de Weill en 1950, Lenya, très touchée, se remarie ensuite deux fois en 1951 et en 1962, chaque fois avec un homme homosexuel qui meurt respectivement en 1957 et en 1967. Un quatrième mariage aura lieu mais prendra fin avant même d’avoir été consommé, un évènement qui n’est pas mentionné dans le documentaire.

Carrière tardive à Hollywood
Pendant ce temps, Lotte Lenya fait un retour remarqué. Elle enregistre des albums en Europe et aux Etats-Unis et mène une carrière à succès à Hollywood : elle réalise notamment une performance remarquée dans ‘From Russia With Love’ (1963), un film de James Bond réalisé par Terence Young. Elle y joue le rôle de Rosa Klebb, une vilaine agente lesbienne du KGB, myope et entreprenante, qui porte des chaussures équipées de lames retractables.

En 1962, Lenya crée la Fondation Kurt Weill pour la musique, qu’elle gérera activement jusqu’à la fin de ses jours. Elle participe également à la création de ‘Cabaret’ (1966), un spectacle à Broadway de Fred Ebb (paroles), John Kander (musique) et Joe Masteroff (livret) qui reflet la Berlin de ses débuts. À partir de ce moment, Lotte Lenya n’est plus seulement connue comme la veuve de Kurt Weill, elle est reconnue pour elle-même.

Le film documentaire réalisé par Katja Duregger explore en grande partie la vie de l’Américaine d’ascendance autrichienne, Lotte Lenya. Cependant, il mentionne trop rapidement ses dernières années, marquées par son combat contre le cancer et l’influence accrue d’un cercle lesbien la soutenant fortement, allant jusqu’à refuser l’accès à ses obsèques à certains proches. Ce sujet reste possiblement encore très disputé.
Le documentaire de Katja Duregger, intitulé « Lotte Lenya. Pourquoi je souffre tant ? », est une production des EU, de l’Autriche et de l’Allemagne datant de 2020 et dure 52 minutes. Il est disponible sur Arte.tv jusqu’au 1er novembre.

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