« Zut ! Encore du Johnny en perspective ! On a déjà eu droit à cette chanson lors du tir de loin de Dika Mem… N’est-ce pas un peu trop, selon vous, que les DJ s’incrustent dans la compétition ? » Dans les gradins, l’amateur de handball, qui a assisté à un nombre incalculable de matchs – on n’ose pas demander combien – en a assez de la musique qui domine dès que le jeu semble prendre une pause. Du coup, cela interrompt brusquement notre sifflet au milieu d’un « Que je t’aime, que je t’aime », qui semble pourtant être devenu l’hymne national depuis le début des tournois.
La personne à blâmer pour notre sportif intègre, et l’héroïne pour tous les autres qui, comme nous, chantons à pleins poumons, s’appelle Leslie Dufaux. Tout cela est de son fait. Les lumières scintillant sur les plafonds teints en violet du Grand Palais, les projections (cette technologie d’images diffusées à grande échelle) des nénuphars de Monet sur le bassin de Paris La Défense Arena, les poteaux des matchs de rugby qui s’illuminent en vert pour un essai réussi, et en rouge quand il est manqué, toute cette mise en scène méticuleusement préparée et précise depuis deux ans – et, bien sûr, la musique omniprésente – c’est son travail, ainsi que celui de son équipe.
« Notre rôle est de rassembler les gens, de canaliser les énergies, de fournir un lieu, un moment pour se rassembler », explique la responsable de la « présentation sportive », comme on appelle le cadre événementiel dans lequel se déroule la compétition dans le jargon olympique. Il faut le reconnaître, populaire ou non, que l’on soit allergique aux hymnes nationaux, aux chansons populaires, et à la musique continue, cela fonctionne. « Allez Léon ! » ».
Avec un sourire radieux, elle se précipite vers nous, ses cheveux raides légèrement en désordre. La nuit dernière était longue – une répétition générale pour la cérémonie de clôture avait lieu au Stade de France. Toutefois, il a fallu patienter jusqu’à la fin des compétitions d’athlétisme. Encouragée par l’euphorie suite au triomphe d’Armand Duplantis qui a battu son propre record du monde de saut à la perche, la soirée s’est prolongée. « Après les répétitions, nous avons tendance à traîner, puisque nous sommes satisfaits de notre travail », dit-elle avec amusement. Depuis, les nuits blanches de travail se succèdent.
« Solidarité »
En 2006, Leslie Dufaux a fait son entrée dans l’univers olympique à Turin, en Italie. Ayant fait ses débuts sur la production de la « Star Academy » sur TF1, elle travaillait alors pour Eurosport. Au moment des Jeux olympiques d’hiver, qui se déroulaient cette année dans les Alpes italiennes, la chaîne avait pour objectif de créer un format de divertissement pour toucher un public plus féminin. « C’était une ville géographiquement difficile, mais une solidarité se formait. J’ai pensé : c’est magnifique, ces grands événements qui réunissent toutes ces personnes dans une forme de solidarité. C’est cet élan que je recherche ! »
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