« OPINION DU « MONDE » – A VOIR
Tigresse, le premier film du réalisateur roumain Andrei Tanase, né en 1982, est une œuvre simple, touchante et efficace. Bien qu’il ait été lancé pendant la période estivale, il mérite tout à fait d’être regardé. Tanase ajoute ainsi un nouvel épisode discret à la longue saga des relations homme-animal dans le cinéma. Allant à l’encontre des tendances actuelles d’utilisation des effets spéciaux numériques pour représenter les animaux, le film revient à un naturalisme plus ancien en travaillant avec de véritables animaux, en intégrant leur présence à l’écran et en établissant leurs interactions avec les acteurs. De ce fait, il suscite à nouveau de vieilles interrogations sur le réalisme au cinéma, qui a souvent trouvé son apogée et son extension vers le fabuleux et l’imaginaire dans la présence d’animaux. »
Vera (interprétée par Catalina Moga) est une vétérinaire travaillant au zoo de Targu Mures, une ville historique située en plein cœur de la Transylvanie. Elle dérobe un tigre femelle d’une résidence d’un mafieux, où l’animal était utilisé de façon illégale comme un trophée de maison. Pendant qu’elle est à sa clinique, elle découvre son mari Toma (incarné par Paul Ipate) en flagrant délit sur la table d’opération. Cette trahison la ramène à la souffrance latente de leur relation, revivant la douleur de la perte d’une nouveau-né qui est mort quatre jours avant son baptême orthodoxe, cela a conduit à un rejet de l’enfant du cimetière municipal. Déstabilisée et en colère, Vera passe la nuit au zoo et à cause de sa distraction, oublie de verrouiller la cage de la tigresse. Lorsqu’un corps de biche est retrouvé sur le terrain du parc le lendemain, il est clair que le prédateur a fui. Vera prend alors les devants pour organiser une petite chasse afin de retrouver l’animal échappé.
Dans le film « Tigresse », deux intrigues apparemment distinctes coexistent d’une manière intrigante. D’une part, il y a la chasse passionnante et mondaine du fauve en fuite, orchestrée par une patrouille improvisée composée de policiers, pompiers, chasseurs et habitants, qui est ensuite rejointe par des membres de la mafia. D’autre part, une histoire d’amour est mise à l’épreuve simultanément, obligeant le couple à réévaluer leur relation. Andrei Tanase, avec sa discernement, évite de lourdes métaphores et la symbolique manifeste entre les deux. Il se trouve par hasard que ces deux situations, l’une étant intime et l’autre étant externes – amoureuses et bestiales – coïncident sur la même chronologie, exigeant un temps égal pour résoudre l’une et clarifier l’autre. Le film gagne en impact par ses rimes délicates, qui ne sont jamais trop explicites, tissant un lien subtil entre les deux scénarios. Vous pouvez lire les 39,64 % restants de cet article si vous êtes abonné.
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