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« Feu »: Réunion agitée réalisateur-scénariste ami

Dans le paysage montagneux du Canada, une voiture traverse silencieusement, suivie de près par les coups de caméra. Elle est seule avec sa musique minimaliste qui résonne fortement dans les oreilles, effaçant tout autre son. Le bruit du moteur est absent, laissant la répétition des notes musicales seules pour provoquer une multitude de questions. Quels sont les quatre passagers à l’intérieur, et où se dirigent-ils ?

La lentille se fraye un chemin à l’intérieur, concentrée sur les mains de deux passagers à l’arrière : celles d’un jeune homme tentant doucement de toucher les doigts de la fille à ses côtés. Le drame est-il là à cet endroit, ou se trouve-t-il ailleurs ? La bande son, avec constance, continue de nous inonder de notes pleines de suspense. Nous n’avons pas encore vu le visage d’un seul personnage, mais cela ne tardera pas.

Certains films sont fascinants par des détails que seul l’art cinématographique est capable de dévoiler : c’est le cas de « Comme le feu », du réalisateur québécois Philippe Lesage, récompensé à Berlin en février (Grand Prix du jury de la section génération). Voir le véhicule rouler tel un spectre silencieux, sans la moindre indication, est nécessaire pour pouvoir faire le saut dans un autre espace-temps. Ensuite, et seulement ensuite, le spectateur peut se retrouver perdu dans le fouillis d’une histoire dont seuls les adultes contrôlent les fils.

Trois adolescents, protagonistes de ce drame, sont comme des poupées de chiffon contrôlées par leurs ancêtres. Jeff (Noah Parker), un jeune homme amoureux d’Aliocha (Aurélia Arandi-Longpré), une belle brune, et Max (Antoine Marchand-Gagnon), le frère d’Aliocha, sont impuissants face à la triste réalité qui leur est présentée. Philippe Lesage, né en 1977 et connu pour ses longs métrages de fiction autobiographique sur l’enfance et l’adolescence troublée – Les Démons (2016), Genèse (2019) –, offre ici son travail le plus accompli et démontre un talent exceptionnel dans la direction d’acteurs. Son cinéma sensoriel nous captive avec une myriade de variations pour plus de deux heures. Le récit, basé sur une histoire vraie, dépeint comment Jeff est invité par Max, son meilleur ami, à passer un week-end dans la vaste résidence d’un célèbre réalisateur du cinéma, Blake (Arieh Worthalter), qui est un ami du père de Max et d’Aliocha, Albert (Paul Ahmarani), scénariste lui-même. Albert est présenté au début du film, conduisant avec trois jeunes, avec un air rigide. Pour terminer la lecture de cet article, un abonnement est requis.

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