A 42 ans, Thomas Jolly possède une jeunesse éternelle qui rappelle le commencement de sa carrière. Il est mince et fort comme l’acier, avec un regard noir qui peut être intense ou joyeux. Il s’est rapidement établi en tant que porte-drapeau d’un nouveau « théâtre populaire » imprégné des codes de la modernité. Il se trouve maintenant aux commandes de « la cérémonie la plus populaire de tous les temps », en dirigeant l’ouverture des Jeux olympiques. Cette cérémonie sera vue par plus d’un milliard de spectateurs à travers le monde, en plus des environ 300 000 personnes qui auront la chance de suivre les festivités depuis les rives de la Seine. Qui peut le surpasser ?
Depuis sa jeunesse passée à créer de petits spectacles pour sa famille dans sa chambre utilisant de la musique d’opéra des accessoires trouvés et des costumes brillants arrangés par sa grand-mère, Thomas Jolly a parcouru un long chemin. Elle avait gardé secret son rêve d’être actrice pendant longtemps. Il habitait à La Rue-Saint-Pierre, un minuscule village de la Seine-Maritime, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Rouen. « Il y avait une école et une église, mais pas de magasins. Mes parents n’allaient pas à l’opéra ni au théâtre. Nous n’allions au cinéma qu’une ou deux fois par an. », se souvient-il dans une interview au Monde en 2022. « Dans une famille où personne ne fréquentait le spectacle, j’ai hérité, sans en avoir conscience, d’un désir inassouvi qui a finalement abouti. »
À l’âge de 11 ans, en 1993, il rejoint une troupe d’enfants à la périphérie de Rouen, et depuis lors, il est toujours resté fidèle au théâtre. Il obtient une licence en études théâtrales à Caen avant d’oser se présenter à l’Ecole du Théâtre national de Bretagne (TNB), à Rennes, admirant les œuvres de Stanislas Nordey, le responsable pédagogique à ce moment-là. À cette époque, François Le Pillouër, directeur du TNB, louait son talent et son charisme en le qualifiant d' »un jeune homme brillant et un acteur très doué, avec une lueur intense dans les yeux, rappelant Peter Pan. Son amour pour le théâtre émanait de lui et il savait comment inspirer les autres ».
Inspirer les autres est exactement ce qu’il a fait lorsqu’il a créé sa propre troupe, La Piccola Familia, en 2006. Thomas Jolly réalisait qu’il préférait être aux commandes plutôt que sur la scène, et de ce fait, s’est dirigé vers la mise en scène, une passion qu’il ne l’a jamais quittée. « J’ai commencé ma carrière à l’époque de Sarkozy. Je n’ai jamais connu cet ‘avant’ qui était supposément plus facile. Ainsi, je suis un véritable guerrier. Je n’ai ni le temps ni l’argent, je me débrouille », confiait-il en 2012.
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