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« Retour mémorable de la pianiste Pires »

Chaque été, le renommé festival de La Roque-d’Anthéron dans les Bouches-du-Rhône lance la saison de la musique classique. Plus de 92 concerts et 513 artistes éblouissent le petit village de Provence, avec notamment des prodiges pianistiques venues du monde entier, comme l’artiste française Arielle Beck et le Géorgien Tsotne Zedginidze, nés en 2009.

C’est à la légendaire pianiste Maria Joao Pires que René Martin, le fondateur et directeur musical du festival, a confié l’ouverture du festival pour sa 44e édition, qui se poursuit jusqu’au 20 août. La pianiste portugaise, qui célébrera son 80e anniversaire le 23 juillet, était une habituée du festival mais n’y avait pas participé depuis 2018.

Le public du Parc de Florans a chaleureusement acclamé l’entrée de la pianiste originaire de Lisbonne, vêtue d’une longue jupe à carreaux blancs et gris et d’une ample chemise de lin de couleur lichen. Au programme, « Jeunehomme » de Mozart, écrit en 1777 pour Melle Jeunehomme (probablement Louise Victoire Jenamy, fille du danseur Jean-Georges Noverre, un ami de Mozart), c’est-à-dire le Concerto pour piano et orchestre n°9 en mi bémol majeur K.271, dans lequel Maria Joao Pires a brillé sur les scènes internationales, y compris un enregistrement avec Claudio Abbado pour Deutsche Grammophon, décédé en 2014. Son jeu était brillant et émouvant.

Maria Joao Pires, solitaire à son Steinway, placée au sein de l’Orchestre de chambre de Paris et pilotée par le violon énergique de Gordan Nikolic, a réagi résolument à deux brèves commandes de l’orchestre. Cela a été suivi par la présentation étendue de l’« Allegro ». Son interprétation est simultanément précise et fluide, brillante et douce, d’une grâce exceptionnelle dans sa simplicité. Le maintien solide du rythme n’empêche pas la musicienne de modeler chaque note avec délicatesse, d’ébaucher minutieusement une phrase qui émerge des graves avec des résonances d’orgue. La pianiste interagit avec les autres membres, échangeant avec le pupitre d’altos, répondant aux coups de cor, avant de déclencher soudainement l’aura d’un legato descendu du ciel. La cadence, ce moment où le soliste est invité à s’exprimer, offre l’occasion de dériver vers des rêveries de style Mozart.

L’« Andantino » central, doté d’une expressivité puissante, présente l’une de ces mélodies qui peuvent émouvoir profondément, un secret uniquement connu de Mozart. L’Orchestre de chambre de Paris en déguste avec un certain sentimentalisme. En revanche, la pianiste, toute en retenue, dont l’expression suit les voies précises de la musique. Tout se trouve dans les subtilités, la teinte, le poids des doigts sur les touches et une émotion qui est orientée vers l’intérieur. Une nostalgie infinie s’empare de la cadence, jouée comme si elle était suspendue dans le vide, dans une dernière supplique qui saisit le cœur.

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