Catégories: Culture
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20 juillet 2024 21 h 06 min

« Victor Iriarte: «Dos Madres» comme jeu sérieux »

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Le dynamisme du jeune cinéma espagnol n’est plus à prouver et Victor Iriarte en est une preuve vivante. Son premier long-métrage, Dos Madres, aborde le sujet des bébés volés sous le régime franquiste, un crime d’Etat colossal. Dans son film, il met en scène la rencontre émouvante de deux mères dépossédées de leur enfant, une biologique et une adoptive, pour un revoir avec l’enfant partagé, deux décennies après l’incident. Fan passionné du cinéma, Iriarte combine cette passion avec une expertise profonde. Il est aussi sélecteur pour le Festival de San Sebastian et programmateur de salle en plus de ses contributions artistiques. Originaire de Bilbao au Pays basque, il a étudié à Barcelone et travaillé avec Isaki Lacuesta, un confrère de cinéma respecté.

Interrogé sur sa motivation à revenir sur la tragédie des enfants volés sous Franco, il explique : « Je suis né en 1976, peu de temps après la mort de Franco. Ces dernières années, ma génération a commencé à interroger l’histoire récente de l’Espagne d’une manière différente, car nos parents nous ont passé la version officielle : « La démocratie est venue et tout est devenu neuf ». Nous soupçonnons que la transition n’a pas été si facile, car les institutions sont restées les mêmes. Contrairement à des pays comme le Chili et principalement l’Argentine, l’Espagne n’a jamais réglé les comptes judiciaires de la dictature. J’ai des amis proches qui n’ont jamais rencontré leurs parents biologiques. Si vous rassemblez cinq personnes, au moins une aura vécu une expérience similaire : un incident suspect à l’hôpital, à l’église ou dans un internat catholique. Pour moi, c’était une question importante à poser à partir de notre réalité actuelle. »

Selon une citation de Roberto Bolaño, on s’attend à une histoire sombre, pleine de frisson et de mystère. Cependant, telle ne serait pas l’apparence car c’est lui qui relatera l’histoire. Mon interprétation du film se positionne comme un jeu sérieux où la peur du mélange des différents registres est absente, passant d’une ambiance à une autre. Mon but n’est pas de créer quelque chose d’inédit, cependant, lorsque le cinéma et la littérature ou la poésie se croisent, une nouveauté émerge. Nous nous sommes fondés sur la mémoire du film noir sans trop en révéler : un simple pistolet, une femme derrière le volant, une voix off, il en faut pas plus. Ce jeu avec les différentes formes, je l’ai appris des auteurs tels que Julio Cortazar ou Georges Perec, et cela n’était pas sans raison. En réalité, il y avait un lien profond avec l’expérience des mères et des enfants séparés que j’ai rencontrés lors de la préparation du film. L’un d’eux m’a même confié que ce qu’il avait vécu ressemblait à un film d’espionnage et qu’il a dû suivre des routes détournées en raison du refus qui lui a été adressé pour accéder aux sources officielles. Il vous reste encore 28.72% de cet article à découvrir, la suite est réservée pour nos abonnés.

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