Alain Altinoglu, chef d’orchestre renommé, continue de prouver son affinité pour la musique française à travers son nouveau travail avec Florent Schmitt (1870-1958), compositeur sous-estimé mais incontestablement significatif du début du XXe siècle. Après avoir en 2022 dédié un album à César Franck, cette fois, son focus s’est porté sur la suite orchestrale issue de la Tragédie de Salomé de Schmitt, fresque sonore étincelante dévouée à Stravinsky. Plutôt que le mimodrame original en sept tableaux de 1907 réalisé avec la danseuse Loïe Fuller, Altinoglu a choisi la première version de la pièce.
S’inspirant de l’histoire biblique de Salomé, la fille scandaleuse d’Hérodiade qui a réussi à obtenir la tête de Jean Baptiste en séduisant Hérode avec sa danse des sept voiles, Schmitt a naturellement créé une musique exotique chargée de sensualité, et de violence exacerbée par le désir.
Par contraste, le Chant élégiaque pour violoncelle, présenté dans sa version pour grand orchestre de 1911, apporte un contrepoint rafraîchissant à ce débordement. L’album, produit par Alpha Classics / Outhere Music, est interprété par Peter-Philipp Staemmler et l’Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort.
Par ailleurs, Mathilde Caldérini sort un album intitulé « Avec elles ». Jouant des oeuvres de Cécile Chaminade, Claude Debussy, Mel Bonis, Claude Arrieu, Lise Borel et Francis Poulenc accompagnée d’Aurèle Marthan au piano, Caldérini démontre sa maîtrise de la flûte.
En tant que « supersoliste » de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Mathilde Caldérini, 34 ans, symbolise la renaissance de l’école française de flûte. Elle est dotée d’un timbre perlé, une respiration sans pareil et une sensibilité constante dans son jeu qui animent les pages de ce programme ambitieux, évitant qu’elles paraissent uniquement ornementales. Elle a choisi le Concertino de Cécile Chaminade et la Sonatine de Claude Arrieu pour son programme audacieux. Le titre « avec elles » découle de la présence de femmes en tant que compositrices ou muses pour le spectacle, citant le vague lien avec les œuvres de Claude Debussy et Francis Poulenc. L’équilibre de cette représentation agréable réside entre l’interprétation sensuelle de références telles que Syrinx et Epigraphes antiques de Debussy, ainsi que de nouvelles découvertes comme la splendide Sonate de Mel Bonis, et Miroir de Lise Borel. Ceci n’aurait pas été possible sans le jeu de piano étincelant d’Aurèle Marthan qui offre une réplique à la flûte charmante de Mathilde Caldérini. Cette production est disponible chez Alpha Classics/Outhere Music. De plus, le trio Rhoda Scott offre un live à Eaubonne avec la performance « Fly Me to the Moon ».
Née le 3 juillet 1938 à Dorothy, New Jersey, Madame Rhoda Scott, aussi connue sous le nom de « The Barefoot Lady » (étant donné qu’elle joue avec les pieds nus sur le pédalier basse de son orgue Hammond B3), est une figure emblématique. Malgré son âge, elle affiche une jeunesse éclatante et a connu un grand succès durant ces vingt dernières années avec son Lady Quartet, représentatif du jazz féminin de pointe. Elle se présente maintenant en trio, avec Thomas Derouineau à la batterie et Nicolas Peslier à la guitare. Son talent allie distinction, générosité et énergie, la rendant légendaire. Des classiques comme Fly Me to the Moon à Impressions (John Coltrane), douze standards qu’elle n’a jamais enregistrés ; soutenue par quelques anges gardiens (Jean-Michel Proust pour le texte, Jean-Pierre Vignola à la production) ; une équipe infatigable (de Bruno Minisini à Stéfan Patry pour la préparation méticuleuse du B3) ; l’écrin de L’Orangerie à Eaubonne (Val-d’Oise) ; rien n’est improvisé. Un chef-d’œuvre, selon Francis Marmande. La suite de cet article est toutefois réservée aux abonnés. La partie restante est de 51.16%.
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