Les Rencontres d’Arles ont accueilli plus de 20 000 participants du 1er au 7 juillet, enregistrant ainsi un record de participation pour la semaine professionnelle au cours de l’histoire de ce grand festival dédié à la photographie. Parmi ces visiteurs, la moitié était constituée d’étrangers, témoignant du succès de l’événement auprès des dirigeants d’institutions ou d’agences internationales.
Cette semaine a été exceptionnelle également en raison de son calendrier, coincée entre les deux tours des élections législatives, dans une ville où le Rassemblement national (RN) a une forte présence. Le dimanche 7 juillet, plus de 48 % des habitants d’Arles inscrits ont soutenu le candidat du RN au second tour. Un clivage semblait exister entre deux mondes, avec les photographes promouvant principalement par leurs images, une vision idéale d’ouverture vers l’autre, comme en témoigne une des expositions les plus réussies du festival, « Voyage au centre » de Cristina de Middel, qui représentait les migrants traversant le Mexique pour atteindre les Etats-Unis comme les protagonistes d’une odyssée pleine de périls. Sans faire de déclaration claire contre le Rassemblement national, à l’inverse du Festival d’Avignon, la direction du festival d’Arles a subtilement exprimé, sur scène, son inquiétude face aux valeurs défendues par le RN – humanisme, multiculturalisme, féminisme…
Bien que l’on n’ait pas constaté davantage de photographes organisant des événements ou prenant position sur la situation actuelle, cela n’a pas empêché la politique de s’immiscer de manière conflictuelle dans le festival : lors de la soirée du premier tour, certains résidents ont agressé les membres du collectif Hors Format qui exposait leurs oeuvres sur la place Voltaire, allant jusqu’à déchirer une affiche représentant un jeune homme, sous prétexte qu’il était d’origine asiatique.
De belles propositions ont été exposées lors de ce festival.
La quarantaine d’expositions mises à disposition du public a mis en avant d’excellentes offres. Parmi celles-ci, on retrouve le travail de Cristina de Middel oscillant entre fiction et documentaire, l’immense collection de Astrid Ullens de Schooten présente à la Fondation Luma, les photographies conceptuelles de Debi Cornwall exposées au Monoprix, sans oublier l’émouvant projet de Sophie Calle situé dans les sous-sols des cryptoportiques. Néanmoins, cette année en particulier, le festival a démontré un éclectisme manifeste sans pour autant avoir de fil conducteur solide ou une proposition esthétique particulièrement audacieuse.
L’approche japonaise a donné lieu à un éventail de propositions diverses et principalement féminines. Parmi elles, des documentaires sur le désastre de Fukushima intitulés « Répliques », ainsi que deux expositions collectives de femmes photographes au Palais de l’archevêché ou chez Vague, l’espace arlésien du designer Teruhiro Yanagihara. Le travail de la doyenne Ishiuchi Miyako, récipiendaire du prix Women In Motion-Kering et exposée dans la salle Henri-Comte, aurait certainement gagné à bénéficier d’un espace plus grand pour apprécier pleinement son travail lié à la mémoire.
L’article est incomplet, les abonnés pourront lire les 38,75% restants.
Laisser un commentaire