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« Laurent Lafitte, comédien, n’abandonne pas rêves »

À l’âge de 50 ans, Laurent Lafitte, après avoir passé douze ans à la Comédie-Française, se lance dans plusieurs projets cinématographiques. Il se prépare à faire une apparition le 28 juin, où il joue le rôle du vil procureur, Gérard de Villefort, dans la récente version de Le Comte de Monte-Cristo. Tout au long de l’été, il travaillera sur le film « La Femme la plus riche du monde », dirigé par Thierry Klifa. Pendant cette production, il interprétera le personnage de François-Marie Banier, aux côtés d’Isabelle Huppert qui jouera Liliane Bettencourt.

Il dit ne pas être arrivé là où il est sans avoir cru « naïvement, au sens littéral » en ses rêves, comme un Américain. L’idée de « croire en ses rêves », bien que banale, est pour lui d’importance. Etre comédien correspondait à son désir de vivre une existence différente, une aspiration née dans son enfance. Il se rappelle ne pas vraiment comprendre ce que cela voulait dire d’être acteur quand il était petit. Il se limitait à voir des individus vivre des histoires extraordinaires à l’écran. S’il devait se donner une vertu, ce serait la détermination. Il n’a jamais abandonné les rêves de sa jeunesse.

Quand on l’interroge sur sa confortabilité à partager ces rêves à ceux qui l’entourent, il avoue qu’il ne se sentait pas à l’aise d’en parler à qui que ce soit, et qu’il avait gardé ce désir pour lui. Ne venant pas d’une famille composée d’artistes et ayant des parents qui travaillaient dans l’immobilier, l’idée de devenir acteur lui semblait si lointaine qu’il avait peur qu’on se moque de lui. Cependant, quand il est devenu adolescent, il a commencé à partager son rêve avec ses amis, mais pas avec sa famille.

Il décrit son enfance comme ressemblant à un dessin de Sempé.

Ma référence était aux illustrations de Sempé, qui dépeignent la grande métropole haussmannienne peuplée de minuscules personnages : ce monde un peu désuet a été le théâtre de mon enfance, faite d’école privée du 16e arrondissement et de vêtements consistant en un pantalon de flanelle et un blazer. C’était un cadre très confortable et je me considère comme un enfant privilégié, en compagnie de mes frères et sœurs.
Mon père, d’un naturel introverti, consacrait ses soirées à la lecture. Nos visites au cinéma étaient rares avec mes parents, à l’exception de Bambi et E.T., ce dernier marquant ma première grande impression cinématographique. À partir de ce moment, ma fascination pour le cinéma a pris une tournure obsessionnelle. J’ai découvert la majorité des films à la télévision. Chez nous, les soirées du dimanche étaient sacrées. Nous nous rassemblions tous sur le canapé, les lumières éteintes, et il n’était plus question de discuter. Mon père était captivé par l’élégance et le charisme des acteurs américains des années 40-50 et m’a fait découvrir Cary Grant, James Stewart. Pendant mon adolescence, j’allais au cinéma seul plusieurs fois par semaine. Ma chambre avait tout l’air d’un petit sanctuaire du septième art, un mur entier était dédié aux fiches du magazine Première, aux affiches et aux photos de films que j’obtenais du cinéma local que je fréquentais.
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