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20 juin 2024 23 h 09 min

« Jim Henson: Génie Marionnettiste sur Disney+ »

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« Dans la section documentaire de Disney+, une demande spéciale pour le travail du virtuose Jim Henson (1936-1990) se fait sentir. Célèbre marionnettiste, réalisateur et entrepreneur, l’homme derrière « Muppet Show » a laissé un héritage fragmenté en France. Outre le rassemblement de célébrités telles que Miss Piggy et Elton John et l’inspiration qu’il a apportée à Jean Roucas et Stéphane Collaro pour la création du « Bébête Show », Henson a révolutionné la télévision pour enfants avec « Sesame Street ». Il a également joué un rôle clé dans le développement des effets spéciaux, collaborant avec George Lucas, avant d’être considéré comme un réalisateur visionnaire et maudit grâce à ses travaux sur « Dark Crystal » (1982) et « Labyrinthe » (1986), peu de temps avant sa mort à l’âge de 53 ans.

La notoriété relativement faible de Jim Henson en France et au-delà de l’Atlantique (le « Muppet Show » étant une production britannique) accentue l’importance du documentaire de Ron Howard, disponible sur Disney+. Howard, réalisateur réputé, ancienne vedette de la série « Happy Days » et metteur en scène du célèbre « Apollo 13″ (1995) semble n’être pas, de prime abord, le choix idéal pour retracer la vie d’un innovateur ayant passé sa carrière en dehors des sentiers conventionnels. Néanmoins, la trajectoire de Henson, qui l’a emmené des terres agricoles du Mississippi (où ses parents travaillaient pour la recherche agronomique) jusqu’à Hollywood, a une essence fondamentalement américaine, dont Howard fabrique sa substance.

Au service de causes nobles. »

Né en 1936, Henson est avant tout reconnu comme un prodige des arts visuels dès son plus jeune âge. Plus tard, il devient cet étudiant des années 1950, timide et barbu, puis se transforme doucement en un hippie aimablement provocateur. Le film, grâce à l’accumulation de témoignages (de son alter ego Frank Oz à Jennifer Connelly, qui a joué l’un de ses premiers rôles dans Labyrinthe) et de documents d’archives (films familiaux, vidéos anciennes aux définitions floues montrant les premières fois que l’on voit les marionnettes de Henson), atteint un niveau de précision biographique rarement atteint dans ce type de travail.
On découvre que les marionnettes, qui ont contribué à la célébrité de Henson, n’étaient pour lui qu’un outil pour réaliser son véritable objectif : faire de la télévision. Henson, qui a assisté à l’émergence de la télévision dans les années 1940, semble être motivé par l’idée d’utiliser ce nouveau média pour des causes justes.
Il crée ses marionnettes avec sa femme, Jane Henson, co-fondatrice de Muppets Inc., une entreprise qui continue de prospérer aujourd’hui sous la direction de leurs enfants. Le film souligne en douceur la contradiction entre l’idéalisme pacifique et inclusif de Jim Henson et son approche patriarcale de la vie familiale.
« Jim Henson. L’homme aux mille idées » permet également de comprendre l’impact incroyable de « Sesame Street ». Il rappelle les controverses qui ont entouré les premières saisons de cette émission pour enfants, dont la légitimité est aujourd’hui incontestable, et montre que ceux qui vident actuellement les bibliothèques scolaires américaines sont les descendants d’une longue lignée de censeurs.

/ »Le « Muppet Show » a connu un succès mondial, malgré le fait que tous les réseaux de télévision américains aient rejeté le projet. C’est finalement la chaîne britannique ITV qui a produit l’émission. En dépit des ambitions liées aux longs-métrages et des échecs critiques et financiers de Labyrinthe (malgré l’affiche alléchante incluant David Bowie en tant que mage à la coiffure singulière), cela complète le profil de cet homme toujours pressé, dont la carrière a été stoppée en 1990 par une infection bactérienne. C’est Jim Henson, l’homme au milliard d’idées, sujet du documentaire réalisé par Ron Howard (EU, 2024, 1h51) et disponible sur Disney+.