Nicolas Moreau et Hiroko Kusunoki de l’agence Moreau Kusunoki ont obtenu le prix du concours pour la révision du plan directeur culturel du Centre Pompidou. Ils ont été choisis à l’unanimité par un jury comprenant Renzo Piano, qui a conçu ce musée avant-gardiste avec Richard Rogers (décédé en 2021). Ce duo franco-japonais, qui a travaillé auparavant avec Kengo Kuma et Shigeru Ban, est surtout connu pour avoir gagné en 2015 le concours du Musée Guggenheim d’Helsinki, un projet qui n’a finalement jamais été réalisé. Par ailleurs, ils ont également conçu un bâtiment pour le nouveau campus de Sciences Po à Paris et l’esplanade du tribunal supérieur de Renzo Piano à Paris, entre autres projets.
Pour le projet de Beaubourg, ils ont collaboré avec l’architecte mexicaine Frida Escobedo. Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, avait imaginé ce projet, souhaitant profiter des travaux de mise à niveau du bâtiment (qui entraînera sa fermeture de 2025 à 2030) pour remodeler les espaces. Le concours concernait principalement les trois premiers étages, le rez-de-chaussée et le sous-sol. Ce projet culturel, d’un coût estimé à 186 millions d’euros, sera financé par le Centre Pompidou, qui a lancé une campagne de financement par le mécénat.
En abordant ce concours, comment avez-vous procédé ?
L’approche adoptée par Hiroko Kusonoki pour le programme était très spécifique et tirait parti d’études de faisabilité détaillées, imposées par la particularité de ce musée. Beaubourg est considéré comme une métropole miniature, un organisme politiquement et organisationnellement sophistiqué. Ils n’ont pas remis en cause le plan initial, tout en s’autorisant certaines légères modifications. Leur approche montrait un profond respect patrimonial, enraciné dans leur admiration pour ce musée, qu’ils considèrent comme un monument d’architecture unique. Ils ont fait preuve de prudence, optant pour une approche de retrait plutôt qu’additive, et ont établi un code couleur basé sur différents tons de gris afin de ne pas rivaliser avec les teintes rouges, bleues, vertes et jaunes du premier projet.
Ils ont également cherché à préserver l’idéal social de Rogers et Piano au moment du concours, qui a révolutionné l’idée de ce qu’un lieu de culture pourrait être, et qui perdure malgré les changements sociaux. À Beaubourg, il n’est pas inhabituel de voir des personnes qui dorment sur les canapés ou des sans-abris et des sans-papiers dans la bibliothèque. C’est devenu un refuge.
Quant à Nicolas Moreau, il propose de revenir au concept initial d’un édifice totalement poreux et vide. Depuis l’inauguration du musée en 1977, de nombreux événements, dont le plan Vigipirate, ont remis en cause ce principe. De plus, la modernisation effectuée entre 1997 et 2000 a entraîné une multiplication de mezzanines fermées, entravant le lien avec la cité. Cette intervention a été récemment définie par Renzo Piano lui-même comme la « maladie des mètres carrés ».
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