Quel est l’héritage de l’impressionnisme dans l’art contemporain ? L’aura universelle de ce mouvement est souvent célébrée par les musées, attirant ainsi un grand public, même si parfois la vérité historique peut être compromise par certaines simplifications ou omissions. Rarement le questionnement sur la présence de l’impressionnisme dans l’art actuel est posé. L’expérience entreprise par Marc Desgrandchamps, un artiste de 64 ans, est donc d’un intérêt particulier.
Invité par la galerie Duchamp d’Yvetot, une institution partenaire du festival Normandie impressionniste, Desgrandchamps n’a pas souhaité seulement ajouter une autre exposition à sa liste suite à ses récents shows à Dijon et à Marseille. Il a décidé de visiter « sur le motif », une expression d’autrefois, explorant la vallée de la Seine, le pays de Caux, et les falaises côtières. Après, il est retourné à son atelier, où il a intégré dans ses œuvres des morceaux de ses observations et impressions. Le résultat : une quarantaine d’huiles et de gouaches sur toile et sur papier.
Les techniques de peinture de Desgrandchamps ne ressemblent que très peu à celles de Claude Monet ou de Camille Pissarro. Contrairement à la méthode des touches, virgules ou points, il préfère utiliser des zones homogènes qui se croisent ou se chevauchent. Sa matière picturale est plutôt fluide que dense et opaque, atteignant parfois la translucidité, surtout dans ses gouaches. Souvent, son choix de couleurs est sobre, avec des surbrillances de rouge ou de jaune très rares et des contrastes modérés. Le dessin est implicite, non tracé, formé par les relations de tons. Il suit le contact entre les zones colorées, créé par la peinture elle-même. Il n’y a aucune référence stylistique à l’impressionnisme ou à ses successeurs, comme Pierre Bonnard – une pratique courante chez David Hockney dans ses œuvres récentes, qu’elles représentent la nature anglaise ou normande.
Motif falaisien
Cependant, certaines localités inspirent leurs œuvres respectives. Ils sont interprétés différemment, mais ils sont incontestablement présents. Deux aspects du paysage ont attiré particulièrement l’attention de Desgrandchamps. Le premier, le plus global, est la lumière. Les ciels sont discrets, plus gris que bleus. Les verts et les ocres sont généralement assez subtils, ce qui crée une distinction nette entre ces œuvres et celles que Desgrandchamps avait peintes suite à ses voyages en Méditerranée. Dans ce contexte, il y a bien un certain aspect de l’impressionnisme ici : la volonté d’une observation in situ et de la rigueur à s’y conformer.
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