Dans les méandres de la rubrique nécrologique, certaines personnes semblent étrangement reprendre vie au moment même de leur décès. Ce n’est pas qu’elles manquaient de mérite de leur vivant. Bien souvent, c’est l’épuisement de leurs activités, une réorientation professionnelle ou la sagesse de l’âge qui donne lieu à ce phénomène. C’est le cas d’Edgardo Cozarinsky, qui combine ces trois facteurs. Ayant côtoyé Jorge Luis Borges durant sa jeunesse, dont il bénéficiait d’une grande sagacité, il aurait certainement pris cette situation avec humour.
Représentant typique de l’intellectualité argentine, né le 13 janvier 1939 à Buenos Aires et décédé dans la même ville à 85 ans le 2 juin, Cozarinsky a toujours choyé l’art raffiné des marges, de la contradiction, de l’exil et du croisement des genres. Petit-fils d’immigrés juifs ukrainiens, son amour à la fois pour les livres et les films naît précocement et persiste dans le temps. Malheureusement, on ne connaît qu’une partie de cette production intense et longue en France.
Tout commence par des visites régulières dans les cinémas de quartier où il découvre les films hollywoodiens, poursuit par des études de littérature, puis par la rédaction d’essais littéraires et de critiques de films. Cozarinsky, tout aussi curieux qu’érudit, utilise également son talent pour le journalisme. En 1970, il produit un film underground à l’esprit buñuélien, dont le protagoniste est un prêtre d’extrême droite (Points de suspension, 1970). En 1974, à 35 ans, sentant probablement la montée du péronisme et la menace imminente du fascisme argentin, il s’enfuit à temps pour Paris.
In France, unsurprisingly, he made a firm commitment to the film industry, finding both partners and subsidies to assist him. His journey is dotted with a variety of works comprising essays, documentaries, and film dramas. Some of his significant films profoundly touched those who discovered them including « The Apprentice Sorcerers » (1977), a unique thriller that had a strong influence from Raoul Ruiz and Jacques Rivette. It encompassed an array of actors such as Dennis Hopper, Zouzou, Marie-France Pisier, Niels Arestrup, Pierre Clémenti, Jean-Pierre Kalfon, and Pierre Cottrell, who was also the resilient producer of « La Maman et la Putain » (1973), by Jean Eustache.
His recollection of his homeland then comes with the release of « The War of a Single Man » (1981). It gives a sharp view of the Occupation in Paris by bringing together disparaging archived images of Nazi propaganda. This is complemented by the reading of Parisian newspapers by Ernst Junger, a Wehrmacht officer who was obliviously lost in time. By the year 1989, he revisits his home country through the Patagonian western film « Warriors and Captives », a movie inspired by Borges’ tale. It featured a fiction of colonial expansion that led to the disappearance of the Mapuche Indians landscape.
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