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Franco, réalisateur de « Memory », craint l’amnésie

Michel Franco, dans son huitième long-métrage intitulé Memory, avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard (lauréat du Prix d’interprétation à Venise), explore sous l’angle du mouvement #metoo, la problématique des agressions sexuelles, une thématique récurrente dans ses deux premiers films (Daniel & Ana, 2009 et Después de Lucia, 2012). Le film traite à nouveau des abus et traumatismes, mais la tendresse qui se dégage de l’union entre Sylvia, une travailleuse sociale, et Saul, un ancien étudiant de son école souffrant d’une forme d’Alzheimer précoce, rend ce film unique et merveilleux, loin des représentations habituelles d’actes de violence. Finnissant ainsi le film en remontant à ses origines, il dépeint avec finesse la reprise d’un passé traumatisant à travers une histoire d’amour extraordinaire.
Votre film commence d’une manière rugueuse avant de devenir une caresse. Qu’est-ce qui vous a inspiré à prendre cette direction plus lumineuse?
Lorsque je rédige un scénario, je cherche à découper l’histoire, mais la manière dont je vais la raconter n’est pas toujours claire pour moi. J’ai d’abord imaginé la scène où Sylvia et Saul se retrouvent lors d’une réunion d’anciens étudiants. Je savais immédiatement qu’ils étaient des personnes endommagées. J’ai vite réalisé que j’écrivais un film sur des adultes ayant la possibilité de connaître l’amour tard dans leur vie, ce qui est plus inhabituel. J’ai accepté cette idée, à condition qu’elle soit cinématographique. C’est pourquoi on ne comprend pas pourquoi il l’a suivi… Si j’avais choisi de faire un film doux sur un sujet sombre, cela aurait peut-être semblé inauthentique.

Sylvia a subi un viol quand elle était adolescente et, trois décennies plus tard, elle fait face à ce passé traumatisant tout en étant très protectrice envers sa propre fille adolescente. Elle tente de raconter son histoire. Qu’est-ce qui vous a poussé à développer un personnage reflétant le mouvement #metoo ?

Il se pourrait que le mouvement #metoo ait eu un certain impact sur moi, mais cela est plus lié à mon second film, « Después de Lucia », sorti en 2012. Le film tourne autour d’une fille qui a été secrètement filmée par son petit ami pendant un acte sexuel et qui ne peut pas s’exprimer. Elle n’est pas protégée que ce soit à l’école ou chez elle. J’ai toujours été attiré par les rôles féminins principaux. Même mon film, « Chronic » [2015] était initialement conçu pour une actrice féminine avant que Tim Roth propose qu’ils collaborent. Les femmes m’intéressent plus car elles affrontent plus de défis sociaux. C’est une chose qui a toujours été vraie depuis que j’ai 20 ans, notamment en regardant les œuvres de mes réalisateurs favoris comme Luis Buñuel, Ingmar Bergman, Lars von Trier et Michael Haneke.

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