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« Eric » sur Netflix: Père cherche fils, marionnette aidante

Abi Morgan, une créatrice britannique, célèbre pour avoir conçu The Split, une populaire série judiciaire convaincante (diffusée en France sur Arte.tv) mais globalement sans risque, a aussi prouvé son attrait pour l’émotion profonde et le décor urbain glacial avec Shame (2011), co-scénarisé avec Steve McQueen. Morgan, désormais sur Netflix, rentre parfaitement dans le rôle de Eric, un thriller new-yorkais soigneusement exécuté qui explore à la fois l’innocence de l’enfance et la cruauté du monde adulte.

Un matin, Edgar, 9 ans, disparaît sur le chemin de l’école. Ses parents vivent dans un quartier ordinaire. Cassie (interprétée par Gaby Hoffmann, dans une performance de douleur maternelle crédible) est professeure, alors que Vincent est un marionnettiste célèbre et le co-créateur de « Good Day Sunshine », un show pour enfants très populaire. Cependant, la disparition d’Edgar met en évidence la détérioration de leur couple, corrompu par l’infidélité de Cassie et l’addiction à l’alcool de Vincent, qui est convaincu que son fils reviendra s’il donne vie à Eric, une marionnette terrorisante qu’ils ont créée ensemble. La créature velue, qui rappelle les monstres de Maurice Sendak, prend vie dans l’esprit de Vincent, l’accompagnant au quotidien. Est-il victime d’hallucinations liées à l’alcool ou simplement désespéré ? Il s’accroche à l’idée que son fils est simplement égaré dans la ville.

Les acteurs sont remarquables.

Le New York du milieu des années 80 est sur le point de succomber. L’agression économique de l’ère Reagan, la corruption gouvernementale, le ramassage d’ordures intermittent suite à la privatisation, ainsi qu’une criminalité en plein essor sont en train de ronger l’âme de la ville. L’action la plus impardonnable qu’un père puisse faire est de permettre à son jeune fils de se rendre seul à l’école. La série s’applique à faire une déclaration quasi militante, rappelant les conséquences de la gentrification à New York.

La série maîtrise brillamment l’art de maintenir le spectateur en haleine. En jouant ce rôle, le personnage du père, incarné par Benedict Cumberbatch avec une intensité débordante, perd progressivement son importance au profit d’un inspecteur noir et gay, dont les méthodes sont parfois douteuses. Mickey Ledroit (interprété de manière impressionnante par McKinley Belcher III) prend rapidement conscience que la disparition d’Edgar pourrait être liée à une vieille affaire de prostitution infantile, ainsi qu’aux activités du Lux, un club gay qu’il fréquente. C’est à travers ce personnage que sont révélés le racisme et l’homophobie de l’époque, des préjugés qui freinent ses collègues policiers dans le rapprochement entre la disparition d’Edgar et celle d’un adolescent noir survenue quelques mois plus tôt.

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