CHRONIQUE
Dans le sillage du mouvement #metoo et du réveil à la représentation des femmes à l’écran, une nouvelle dynamique s’est installée ces derniers mois. L’image de la « Jeune Femme Désorganisée », établie par un article du Guardian en 2022, a semble-t-il perdu de son influence en faveur d’une refonte de l’archétype féminin, celui de l’héroïne audacieuse en habit de travail. Que cela se passe pendant l’époque des Tudors, dans l’Ouest américain indiscipliné, ou dans une France en conflit, les séries télévisées repensent l’histoire en réécrivant le rôle des femmes.
Cependant, les objectifs ne sont pas toujours identiques. Dans certains cas, l’idée est de souligner que les femmes ont toujours été présentes et actives dans les événements historiques, bien que leur rôle ait souvent été occulté. En mettant en lumière les procès pour sorcellerie qui ont eu lieu au Pays basque dans les années 1600, la série française Filles du feu (disponible sur France.tv) déconstruit l’archétype de la sorcière en restituant leur identité, leur histoire et leur motivation aux femmes accusées par les autorités religieuses.
Peu avant cela, Les Combattantes (maintenant sur Netflix) mettaient en avant le rôle des femmes durant la Première Guerre Mondiale, pendant que les hommes étaient au combat. De l’autre côté de l’Atlantique, la série 1923 (sur Paramount+), un spin-off de Yellowstone, présente comme héroïne une pionnière résiliente jouée par Helen Mirren, dont on la voit plusieurs fois défendre son territoire armée.
Les Bridgerton sur Netflix.
Tout en n’ayant pas d’autre décors, ces séries ont réussi à démontrer que l’histoire de l’humanité ne pourrait jamais être complète sans le rôle des femmes. Récemment, un nouveau genre a pris d’assaut les plateformes de streaming, s’appuyant massivement sur la littérature destinée aux « jeunes adultes ». Même si ces livres déclarent adopter une approche féministe, la majeure partie est écrite pour les jeunes filles.
La série « La Chronique des Bridgerton » (disponible sur Netflix) est un parfait exemple de cela. Située dans une Angleterre fictive du début du 19ème siècle, où la famille royale est de descendance mixte grâce à un mariage interraciale et la société est parfaitement inclusive, la série est basée sur les livres de Julia Quinn. Elle illustre la quête de l’amour par les enfants Bridgerton. Bien que conservatrice dans ses thèmes – l’idée que les femmes existent principalement pour aimer – la série est très progressive dans son exposition de l’agentivité féminine. Par exemple, la première saison n’hésitait pas à suggérer le viol d’un jeune homme par la femme qu’il aime. Cette interprétation, audacieuse pour un programme destiné à un public si large, a suscité beaucoup de débats et reste controversée.
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