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« Cannes 2024: ‘Motel Destino’, triangle amoureux d’Aïnouz »

Juste un an après le succès de « Le Jeu de la reine » (2023), où il travaillait avec une équipe d’acteurs internationaux, Karim Aïnouz est de retour au Festival de Cannes pour la compétition en présentant son tout nouveau film. Aïnouz renoue avec ses racines brésiliennes en situant son intrigue sur la côte nord-est du Ceara, sous un climat tropical où des plages ensoleillées s’étendent à l’infini. « Motel Destino » est un thriller érotique d’une autre époque, rappelant les films populaires des années 80 et 90, combinant des éléments criminels et une attractivité corporelle.

L’intrigue du film démarre sur une note semblable à celle de « Le Facteur sonne toujours deux fois », un célèbre roman noir de 1934 écrit par James M. Cain. Le protagoniste Heraldo (Iago Xavier), âgé de 21 ans et fugitif après le meurtre de son frère, se cache au Motel Destino, un lieu connu pour ses liaisons amoureuses. Ici, il travaille en échange de petits services et observe les allers et venues des clients grâce aux fenêtres situées de manière stratégique dans les chambres. Le couple propriétaire du motel, Elias (Fabio Assunçao), un libertin, et Dayana (Nataly Rocha), une femme mystérieuse, accepte Heraldo. Une liaison secrète commence entre Heraldo et Dayana. Mais quand les amants souhaitent fuir, ils doivent trouver un moyen de se débarrasser du mari. Un film qui met en lumière la sensualité sous les tropiques.

Motel Destino est apprécié pour sa capacité à injecter une dose de corporalité solaire dans une compétition qui semble aller à l’encontre du courant, et de fournir de la libido à une période où le tournage de scènes de sexualité est devenu complexe. Cependant, le film n’atteint pas entièrement son potentiel. Premièrement, le cadre du film, le motel, n’est pas suffisamment exploité. Aïnouz, à travers son motel à l’honneur, le présente moins comme un catalyseur du désir et plus comme un amplificateur de ce dernier : les clients n’y sont pas totalement présents, réduits à de simples ombres ou à une mélodie de gémissements se faufilant à travers les murs. Au lieu de créer un flux constant de rencontres et d’aventures, le film se concentre principalement sur un triangle amoureux nocif (le mari, la femme, l’amant), un concept déjà bien repandu et sans grand horizon.

Certes, le décor du film, bien exploité par Aïnouz, offre une atmosphère vibrante avec ses murs aux couleurs vives qui recréent un espace à la Movida et ses lumières rouges et violettes semblables à celles d’un bordel, qui réchauffent légèrement le champ visuel. Néanmoins, la mise en scène ne paraît pas vraiment à la hauteur. Elle semble moins préoccupée par la montée du désir, préférant privilégier une continuité du dialogue collée à l’intrigue, et se montre maladroite lorsqu’il s’agit de plonger dans les fantasmes et les visions des personnages. Le film reste généralement timide à l’égard de la fantasmatique malgré l’avertissement affiché au début du générique, qui met en garde contre les éventuels risques d’épilepsie.

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