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« Cannes 2024: ‘Le Deuxième Acte’, Dupieux attaque »

« Sélection officielle – Non en compétition
Critique du ‘Monde’ – À voir
Quentin Dupieux continue son rythme effréné de création cinématographique. Juste trois mois après avoir sorti Daaaaaali!, il présente son treizième long-métrage, Le Deuxième Acte. Non seulement le film fait son entrée en salle, mais il ouvre également le Festival de Cannes. Cette position hautement visible et difficile à satisfaire est comblée de manière audacieuse par Dupieux, mettant en avant un projet complexe qui vaut plus que son apparence de sketch avec un casting de stars (Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphaël Quenard), servi comme un en-cas.

Grâce à sa cadence de production, le réalisateur a réussi, sans abandonner son univers étrange, à le rendre plus réceptif aux problématiques actuelles. Yannick, le succès surprise de l’été 2023, mettait en lumière la rébellion du spectateur moyen qui, en interrompant une mauvaise pièce de théâtre, introduisait brutalement le sujet social dans le spectacle. Le Deuxième Acte, qui par son titre indique une sorte de suite, se focalise sur cet autre personnage discret qu’est l’acteur figurant. »

Quatre individus se rencontrent sur une voie de campagne près d’un restaurant où ils ont prévu déguster un repas. Florence (Seydoux) accompagnée de son père, Guillaume (Lindon), lui présente son partenaire amoureux, David (Garrel), qui est lui-même accompagné de son ami, Willy (Quenard). Ce contexte typique d’un mauvais film français, d’une banalité abyssale, se dégrade rapidement en raison de divers problèmes. Au-delà de leurs apparences insignifiantes, les protagonistes se révèlent être quatre acteurs renommés en plein tournage d’un film, nous ne verrons ni l’équipe ni l’envers du décor, tout cela étant orchestré par une intelligence artificielle.

Frissons d’ambition démesurées

Assis à une table comme pour un déjeuner en famille, les célèbres acteurs se lancent dans un combat d’égo, allant des petites mesquineries à l’autosatisfaction pompeuse, jusqu’à en venir aux mains. En arrière-plan, cependant un serveur discret – un figurant paralysé par la nervosité, Stéphane (l’étonnant Manuel Guillot) reste. Lorsqu’il est appelé à entrer en scène pour servir du vin, sa main tremble, renversant le liquide, ce qui perturbe le tournage et déclenche el mépris de l’équipe envers lui.

Le jeu d’interprétation oscille entre divers paliers, principalement utilisé pour pénétrer les dynamiques existantes entre acteurs, ces férocités narcissiques perpétuellement en pleine représentation, dans une ambiance satirique. Dupieux a coutume de filmer avec des comédiens très connus du cinéma français, et les laisse libre cours à leur spontanéité. Dans cette situation, il joue encore une fois avec des acteurs invités à amplifier leur propre personnalité publique : Lindon incarne un grognon rebelle au monde, Seydoux une enfant gâtée qui cherche conseil auprès de sa mère par téléphone, Quenard un individu impulsif sur le point de perdre le contrôle, et Garrel un intellectuel prudent et névrotique.
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