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« Cannes 2024: ‘L’Invasion’ de Loznitsa, Ukraine en larmes »

L’auteur de talent Sergei Loznitsa, originaire d’Ukraine et âgé de 59 ans, a projeté les lumières de son génie à travers la réalisation de fictions comme « My Joy » (2010) et « Dans la brume » (2012), ainsi que des documentaires éloquents, « Blokada » (2006) et « Babi Yar. Contexte » (2022), rendant hommage à l’histoire à travers ses œuvres. Son abilité d’adaptation et son talent indéniable en font une figure marquante de l’ancien empire soviétique dans l’industrie du cinéma. Loznitsa, qui a longtemps vécu en Allemagne et s’est déjà confronté au nationalisme ukrainien radical, soutient indéfectiblement l’indépendance de l’Ukraine depuis le début de la crise.

Son combat pour l’indépendance trouve une résonnance profonde dans ses œuvres qui démontrent un exceptionnel talent pour l’assemblage d’archives documentaires, créant ainsi un cinéma d’intervention puissant et captivant. Il est un témoin oculaire indéfectible de l’évolution historique qui se révèle à nos yeux.

Il y a une dizaine d’années, avec une empathie indéniable, il a capturé la révolte enflée dans « Maïdan », une chronique sans commentaires ni analyses, qui retrace avec ferveur et dévouement les cinq mois d’éveil patriotique connus sous le nom de « printemps de Kiev ». Cet égard contribua à l’établissement de la première pierre de l’indépendance ukrainienne, et simultanément, au renversement du président pro-Kremlin Viktor Ianoukovitch.

Ses œuvres sont sans conteste un témoignage du combat continu pour une seule cause.

C’est tragique de voir ce qui s’est passé et continue de se produire aujourd’hui dans cette guerre éreintante. Les douleurs endurées et l’incertitude de la situation militaire sont très pénibles à observer. L’invasion, fidèle à l’esprit de Maïdan, représente une autre étape difficile sur la route de la souffrance ukrainienne, revue depuis l’offensive généralisée de février 2022.

Le film, constitué de scènes recueillies à travers le pays, est un assemblage de visions témoignant de l’impact de la guerre sur les personnes au quotidien. On y observe que l’Ukraine tout entière est, en quelque sorte, devenue un seul front de bataille. Tous, sans distinction d’âge ou de condition sociale, y ressentent la terreur profonde de la mort, de la possibilité d’un bombardement, de la perte d’un foyer ou d’un être cher, et aussi l’obligation d’endurcir pour pouvoir continuer à résister.

Il semble qu’il n’y a pas une seule situation – de la naissance au mariage, des jeux d’enfants aux processions religieuses – où la mort n’a pas sa place. En fin de compte, c’est le corps collectif d’une nation en larmes et armée que Loznitsa tente de capturer dans son film, démontrant une détermination inébranlable à continuer à vivre, malgré l’ennemi qui la harcèle, les blessures qui la rongent, les ruines qui s’amoncellent et les stigmates qui la défigurent. Alors que Maïdan représentait un moment d’ardeur, L’Invasion est maintenant confrontée à une épreuve.

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