Il n’est pas facile de confronter son film à celui de Francis Ford Coppola lors du même jour à Cannes, et certainement pas le plus avantageux à priori. C’est la situation qu’a vécue Andrea Arnold, une britannique reconnue dans la compétition. Trois de ses longs métrages, Red Road (2006), Fish Tank (2009) et American Honey (2018), ont été gratifiés du Prix du Jury à la Croisette. Son dernier film, Bird, qui a été projeté récemment, a réussi à tenir tête à Megalopolis, défendant son territoire cinématographique.
Le film se déroule dans une petite localité industrielle au nord du Kent, où cohabitent des familles éclatées, des chiens errants et des enfants mal lotis. Après son interaction fascinante avec un bovin dans son documentaire Cow (2021), Arnold revient à la réalité humaine dans Bird. Elle y décrit la vie d’hommes, de femmes et d’adolescents qui essaient de survivre avec les maigres ressources dont ils disposent.
Dans son style naturel, Arnold continue d’explorer, à travers Bird, la vie des classes sociales délaissées, qu’elle parvient à dépeindre avec une grande vérité. Sa position dans ce domaine est sans rival, ce qui explique, en partie, son succès.
L’histoire nous introduit à une fillette de 12 ans, Bailey (Nykiya Adams), qui a un look plutôt androgyne et vit dans un taudis avec son frère Hunter (Jason Buda) et son père Bug (Barry Keoghan). Ce dernier, semblant être coincé dans sa jeunesse, est sur le point de se marier à sa petite amie rencontrée il y a seulement six mois. Cependant, le mariage ne semble pas réellement enthousiasmer Bailey, excepté pour le fait qu’elle refuse d’enfiler la tenue violette à imprimé léopard que son père a choisie pour les demoiselles d’honneur. Face à cette situation, elle quitte la maison et coupe ses longs cheveux.
La vie quotidienne de Bailey est remplie d’errance, alternant entre la ville et la campagne où elle aime observer la nature. Un jour, au milieu d’un champ, elle rencontre Bird (Franz Rogowski), un garçon qui se démarque des autres par sa nature rêveuse et solitaire. Il est en quête de ses parents qu’il n’a pas vus depuis longtemps. Malgré leur différence, un lien est tissé entre eux deux, même si sa nature reste indéfinissable, tout comme les raisons de Bird de passer son temps à garder l’équilibre sur le bord du dernier étage d’un immeuble.
Contrairement aux autres personnages, Bird semble ne venir de nulle part et n’a pas l’intention d’aller quelque part. Il semble ne pas pouvoir se définir lui-même. Gardien silencieux, il passe ses journées et ses nuits sur les toits, prêt à prendre son envol, comme un oiseau. C’est là que le problème surgit.
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