Dans quel tour de piste est engagé Louis Garrel ? L’acteur et réalisateur nous avait dernièrement marqués de son galop dans « L’Innocent » (2022), remarqué tant par le public que par les critiques. Et le voici désormais gravissant les marches de Cannes avec « Le Deuxième Acte », une œuvre de Quentin Dupieux, présentée en ouverture du festival ce mardi 14 mai. Accompagné par Raphaël Quenard, il arpente les allées du cinéma dans une longue plan-séquence qui capte l’arôme de l’ambivalence du milieu cinématographique, dépeignant une ouverture bien calculée pour un festival hanté plus que jamais par l’ombre du hashtag #metoo.
« Le Deuxième Acte » souligne de manière poignante l’effet de la « cancel culture » sur l’industrie du cinéma, ébranlée par des mots ou des actions déplacées, par l’extension des bruits de couloirs… Cette entité anxiogène enveloppant l’ouverture du Festival s’amplifiera-t-elle ?
Des rumeurs ont toujours entouré les personnages de pouvoir ; c’est l’écho donné à ces rumeurs qui doit poser question, je pense… Il est clair qu’un mouvement de fond se dessine autour de la reconnaissance des violences sexuelles qui nécessite un changement. Or, le chemin à emprunter collectivement s’avère délicat à déterminer.
En France, la vague #metoo va en grandissant, portée par des accusations comme celles de Judith Godrèche envers Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Etes-vous solidaire ?
Je ne connais pas une seule femme qui n’ait été marquée par des traumas ou des chagrins infligés par les hommes tout au long de sa vie. S’opposer à ces violences est un impératif, un objectif absolu. Il n’est pas temps de tergiverser.
Vous prenez rarement part aux discussions publiques, que ce soit à travers des pétitions ou des tribunes. Pourquoi ?
Certes, je me sens souvent en intréaction. Je questionne constamment tout, y compris moi-même. Lorsque j’avais 20 ans, une interaction marquante avec une personne brillante, qui avait une préférence pour Raymond Aron plutôt que Jean-Paul Sartre, m’a beaucoup influencé, vu que celui-ci avait fait moins d’erreurs de jugement. Nous sommes toujours en mode récepteur, il me semble. Des blessures émotionnelles d’une telle profondeur demandent du temps – du temps pour entendre et du temps pour s’exprimer.
La combinaison de Louis Garrel et Quentin Dupieux ressemble à une contradiction. Comment est-ce que vous vous êtes découverts ?
Notre provenance et nos groupes ne sont pas les mêmes, mais malgré cela, on s’apprécie énormément. Ce qui m’a séduit, c’était d’accepter le défi de filmer cette séquence de treize minutes avec Raphaël Quenard, qui marque le début du film. La comédie est généralement rythmée. Ici, pendant treize minutes, il est impossible de maintenir constamment le rythme, il y a inévitablement des baisses d’énergie. C’est par ces moments de relâchement que Quentin réussit à introduire de la tension et du non-sens.
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