L’auteur français Philippe Claudel a été nommé président de l’Académie Goncourt, l’institution qui décerne le prix littéraire le plus convoité de France, le lundi 13 mai. C’est le résultat d’un vote très serré, Claudel ayant gagné par cinq voix contre quatre pour Pierre Assouline, lui aussi membre de l’académie. Claudel, qui a 62 ans et est connu pour son œuvre « Les Âmes grises », succède à Didier Decoin, âgé de 79 ans. Decoin, qui a été président pendant quatre ans, avait succédé à Bernard Pivot, décédé le 6 mai 2020.
L’académie n’a pas annoncé à l’avance le remplacement de Decoin, qui était prévu pour le mardi mais a été avancé au lundi soir car certains membres avaient prévu d’assister à l’enterrement de Pivot, qui se déroulait dans l’après-midi à Quincié-en-Beaujolais dans la région du Rhône. En outre, il n’était pas certain que Decoin, lauréat du prix Goncourt en 1977, allait démissionner, bien qu’il ait laissé entendre que la tâche était trop « lourde » pour lui.
En octobre dernier, Decoin a reconnu que Claudel et Assouline étaient intéressés par le poste de président. « Ils ont tous deux envie, mais je ne sens pas qu’ils sont prêts à se battre pour cela », a-t-il fait remarquer dans une interview accordée au Nouvel Obs.
Le mandat de Decoin durait cinq ans, mais il a choisi de quitter l’académie avant terme.
En prévision du prochain duel, Philippe Claudel semblait le plus à même de l’emporter grâce à son poste de secrétaire général qui le plaçait en position de successeur privilégié de M. Decoin. À travers un entretien avec L’Est républicain, le président nouvellement élu a partagé son intention de présider de manière démocratique, en faisant la fierté des jurés. Il a également annoncé qu’il quitterait la présidence et l’académie après un mandat de cinq ans.
Lors du vote du lundi, seuls neuf des dix jurés du Goncourt ont pu participer, Paule Constant, âgée de 80 ans, ayant démissionné. L’académie l’a depuis nommée membre honoraire.
L’histoire des quatre prix Goncourt sous la présidence de M. Decoin a été assez tumultueuse. Le premier, en 2020, a été reporté de plusieurs semaines et finalement décerné à huis clos en raison de la pandémie de Covid-2019. Le lauréat était Hervé Le Tellier pour son oeuvre « L’Anomalie ».
Pour les deux dernières éditions, une opposition frontale s’est installée entre les jurés lors de quatorze tours, avec un vote à cinq contre cinq. Selon le règlement, en pareille situation, la voix du président est comptée deux fois lors du dernier tour. Ceci a permis de récompenser « Vivre vite » de Brigitte Giraud en novembre 2022, puis « Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andrea, en novembre 2023. À ces deux occasions, Pierre Assouline faisait partie des déçus, préférant attribuer le prix Goncourt à Giuliano da Empoli pour « Le Mage du Kremlin », puis à Eric Reinhardt pour « Sarah, Susanne et l’écrivain ».
Camille Laurens a accédé au poste de secrétaire tout en conservant temporairement son rôle de trésorière jusqu’à ce qu’un remplaçant soit nommé. Suite à la démission de Mme Constant, un poste de juré est désormais vacant au sein de l’académie. Les réunions de cette dernière se tiennent chaque mois au restaurant Drouant à Paris, le lieu même où le prestigieux prix Goncourt est décerné depuis 1914, exception faite pour l’édition 2020. Il est donc nécessaire de trouver un nouveau membre pour le jury.
Bien que le prix Goncourt n’offre qu’une modeste récompense financière de dix euros, il assure à son gagnant des ventes se chiffrent en centaines de milliers d’exemplaires de son œuvre littéraire.
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