Le mardi 14 mai à 20 h 55, ARTE diffuse un documentaire mettant en lumière les inconvénients des résidences pour personnes âgées gérées par des entreprises privées. Denise Sestier, âgée de 97 ans, exprime sa frustration face à l’approche commerciale de ces sociétés: elles sont plus intéressées par les profits que par la qualité de la vie des résidents. Elle a vécu cette situation dans une résidence de la compagnie Ages & Vie, un logement partagé pour les personnes âgées appartenance à la société commerciale privée Clariane (anciennement Korian).
Le documentaire semble être une enquête critique avec Denise Sestier comme témoin principal, des pratiques de ces groupes privés en Europe qui dominent le marché des soins pour personnes âgées.
Le film met un accent particulier sur les accusations portées contre la société française DomusVi en Espagne. Beaucoup de familles ainsi que des employés affirment que le groupe n’assure pas un soutien adéquat à ses résidents dans ses Ehpad. DomusVi riposte en affirmant que son incapacité à offrir des soins appropriés est due à une pénurie de travailleurs dans le secteur.
Néanmoins, le documentaire souligne également la collusion présumée entre Josefina Fernandez, l’ancienne directrice espagnole de DomusVi, et un membre du Parti Populaire de droite, qui aurait aidé le groupe à rester impuni malgré les accusations portées contre lui.
Il semblerait donc que ces sociétés exigent une rentabilité élevée au détriment du bien-être de leurs résidents.
Le documentaire fait également état de la situation au Royaume-Uni, où presque l’ensemble des maisons de repos sont gérées par le secteur privé. Des groupes d’Ehpad, dirigés par des fonds d’investissement ou de capital-risque, visent une rendement élevé, une approche incompatible avec le bien-vivre des pensionnaires, estiment les auteurs de l’enquête. Leur argumentation est étayée par le cas de Four Seasons Health Care, mis sous administration judiciaire en 2019 après avoir subi quatre changements de propriétaires.
En Allemagne, le secteur de l’aide à domicile est particulièrement dynamique. Cependant, les sociétés privées emploient des femmes d’Europe de l’Est aux horaires flexibles et au salaire moins élevé que leurs collègues allemands. Entre 300 000 et 600 000 travailleurs à domicile, souvent d’origine étrangère, sont ainsi « exploités » avec des cadences de travail démentielles, généralement incompatibles avec une provision adéquate de soins, selon Arte.
Ces trois pays partagent un trait commun : le gouvernement a cédé la responsabilité des personnes âgées aux entités privées. « On les a poussés à investir dans ce secteur. Aujourd’hui, on leur reproche de donner des retours aux actionnaires, mais c’est leur tâche. C’est la raison de leur existence », observe l’économiste Ilona Delouette, interviewée dans le documentaire sur la dominance du privé.
Est-ce une fatalité? Au Danemark, le scénario est différent. L’État et les municipalités financent largement le soutien aux seniors, incités à rester à domicile. Cependant, le modèle danois est critiqué pour son coût élevé pour les contribuables. Si les personnes âgées européennes sont largement sous-traitées au secteur privé, les contraintes budgétaires ne sont pas les seules responsables. La perspective négative de la société sur la vieillesse encourage les dirigeants à ne pas leur accorder l’importance qu’ils méritent.
L’étude, par ailleurs, néglige les défaillances des établissements de retraite publics. Néanmoins, elle met en garde, de manière frappante, contre les risques d’une Europe tombée aux mains des « exploiteurs de l’âge avancé ».
Hold-up sur les personnes âgées, un documentaire de Laurence Delleur et Nathalie Amsellem (Fr., 2024, 91 min) diffusé sur Arte et accessible en replay sur Arte.tv jusqu’au 19 août.
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